LE 13 INFORMÉ

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-60% d’animaux sauvages en 40 ans !

Le renard nain de San Joaquin est sur la liste des espèces en danger depuis 1967. Crédit photo : Heather Bell/USFWS

Le rapport planète vivante 2018 publié par WWF avec la société zoologique de Londres annonce un déclin de 60% des populations de vertébrés sauvages entre 1970 et 2014.

Le rapport planète vivante 2018 est paru le 30 octobre 2018. Il raconte le rapide déclin du règne animal. C’est l’ONG WWF qui publie le rapport en partenariat avec la société zoologique de Londres. Cette dernière a étudié exactement 4005 espèces (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens) pour avancer un chiffre : – 60%.

Enième signal d’alarme

Entre 1970 et 2014 (derniers chiffres consolidés), les populations de vertébrés ont décliné de 60%. Dans la foulée, nombre d’articles sont parus. L’espace d’un instant, les voyants sont passés au rouge pour notre chère planète bleue. L’espace d’un instant, la sonnette d’alarme a une nouvelle fois été tirée.

Sixième extinction de masse

Alarmant mais pas nouveau. Le rapport planète vivante de 2014 faisait déjà état d’un déclin de 52%, tandis que celui de 2016 tablait sur une chute de 58% des vertébrés. « Cette étude confirme que notre planète est en train de subir la sixième extinction de masse », confiait au Monde mardi dernier Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Le rythme actuel d’extinction a été multiplié par 1000 depuis que la pression humaine est un facteur prépondérant dans la disparition des espèces.

Une extinction à géométrie variable


Mais il existe au niveau mondial de grandes disparités. Ainsi, la région néarctique (Amérique du Nord- Canada) limite la casse avec une chute de 23 % de sa population d’animaux sauvages, tandis que le paléarctique (la plus vaste zone qui regroupe l’Europe, le Nord de l’Afrique, le Nord de l’Asie et le Moyen-Orient) a perdu 31% de sa faune sauvage. – 56% dans la région afrotropicale (Afrique subsaharienne), et – 64% dans le bassin indo-pacifique (Inde, Indonésie et Australie). En Amérique latine (aire néotropicale), c’est l’hécatombe, avec une disparition de 89% des vertébrés sauvages, qui va de pair avec celle de la forêt amazonienne.

Des causes connues de longue date

La destruction des habitats naturels constitue la cause principale à l’érosion de la faune sauvage, selon le rapport. Et elle ne concerne pas que les territoires très urbanisés. Depuis la Révolution Industrielle, l’homme détruit à un rythme exponentiel la nature. En la bétonnant (tous les dix ans, un territoire comparable à celui de la Loire Atlantique est englouti sous le béton), en la surexploitant (chasse, pêche, braconnage), en la polluant, ou simplement en la détruisant (déforestation massive en Amazonie et en Indonésie). « Nous sommes face à une grande accélération de la pression exercée par l’homme sur les écosystèmes », martèle le WWF. Qui continue de voir disparaître des espèces.

Photo lamentin de Floride de David Hinkel
Sur terre comme sous l’eau, les espèces menacées sont nombreuses. Ici, des lamentins de Floride, considérées comme des espèces « vulnérables » selon l’Union Nationale pour la Conservation de la Nature. Crédit photo : David Hinkel

Extinction totale

Si la population de pandas géants a repris du poil de la bête (+17% en 10 ans) avec une estimation de 1 864 individus vivant en liberté en Chine, d’autres espèces ont eu moins de chance. Comme les rhinocéros noirs d’Afrique de l’Ouest, qui à force d’être traqués pour leur corne, ne comptent plus aucun membre à l’état sauvage depuis 2011. Quant aux bruants à dos noirâtre, de petits oiseaux de Floride, ils ont totalement disparu de la surface de la planète en 1987, après que leur environnement marécageux ait été traité au DDT, un insecticide puissant qui a contaminé la chaîne alimentaire de l’oiseau.

Pragmatisme

Comme pour les campagnes choc de sécurité routière dont la violence extrême ne provoque plus l’émoi, WWF semble avoir compris que verser dans le pathos ne ferait pas mouche. L’ONG, stratège, choisit un argument plus pragmatique pour faire bouger les Etats : la dimension économique du problème qui serait bien réelle. Selon une étude menée en 2014 par l’économiste américain Robert Costanza, et reprise dans le rapport de WWF, la nature nous fournit gratuitement des services d’une valeur égale à environ 125 000 milliards de dollars (110 000 milliards euros) par an. Ce qui signifie que si l’on payait pour toutes les ressources que nous fournit la nature (air frais, eau potable, alimentation), il faudrait débourser une fois et demi le PIB mondial, estimé à environ 80 000 milliards de dollars par an.

Longtemps menacés, les pandas géants ont redressé la barre. Ils sont aujourd’hui 1 864, soit une hausse de 17% sur les dix dernières années. Crédit photo : Chensiyuan/Wikipedia

Le rapport affirme également qu’un tiers de la production alimentaire mondiale dépend des pollinisateurs (parmi lesquels plus de 20 000 espèces d’abeilles, mais aussi des oiseaux ou encore des chauvesouris). Eux, qui assurent la pollinisation de plus de 75% des principales cultures vivrières mondiales. Et qui sont donc indispensables à la survie de notre économie. A la survie de l’homme tout simplement.

Un jour sans fin

Le rapport planète vivante 2018 est paru le 30 octobre 2018. Il raconte le rapide déclin du règne animal. La veille, soit le lundi 29 octobre 2018, la Chine réautorisait la vente de poudres d’os de tigre et de corne de rhinocéros, réputées pour avoir des vertus médicinales et aphrodisiaques dans l’Empire du milieu. Elles avaient pourtant été interdites en 1993, en raison de la menace pesant sur ces espèces. Le combat pour la biodiversité n’est pas gagné.

Jonathan Roisin

Vu sur France 3 – Original : A Peaugres, en Ardèche les visiteurs sont sensibilisés à l’extinction de masse grâce au cimetière des animaux disparus :


Pour aller plus loin : la liste rouge des espèces menacées

Lire le rapport complet Planète vivante 2018 (en anglais) ou la synthèse en français.

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