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Confinement : Comment s’organise la lutte contre les violences conjugales ?

Crédits photo : Kat Smith /Pexels

CONFINEMENT:  Le retour du confinement fait craindre une hausse de ces violences. Pour répondre aux inquiétudes, des mesures prises lors du premier confinement seront reconduites.

  • Pendant le premier confinement, l’OMS a enregistré en Europe une hausse de 60% des appels de femmes victimes de violences conjugales. 
  • Suite à ce premier bilan, une réunion entre le gouvernement et les associations, vendredi, avait pour objectif de pérenniser des mesures mises en place au printemps et de soutenir les associations. 
  • En France, chaque année, au moins 220 000 femmes sont victimes de violences conjugales.

Avec le retour du confinement vient la crainte de celui des violences conjugales. Au printemps dernier, 44 235 appels ont été enregistrés par le numéro d’urgence 3919. Un chiffre considérable : sur toute l’année 2019, la plateforme a reçu 96 000 appels. A ce chiffre s’ajoute celui des signalements par SMS au 114, dont le service est allé jusqu’à traiter 140 dossiers par jour. Interventions à domicile multipliées, chats saturés, signalements décuplés : les données recueillies au printemps inquiètent en ce début de reconfinement. La période est tout particulièrement à risque pour les victimes de violences conjugales. C’est pour répondre à ce constat que le gouvernement s’est entretenu vendredi avec les associations. Objectif: s’assurer de la continuité de leurs actions et mettre en place de nouveaux dispositifs. 

Les mesures exceptionnelles mises en place pendant le premier confinement doivent être pérennisées. Selon le ministère chargé de l’égalité, il y aura des points éphémères pour accueillir et orienter les femmes dans les centres commerciaux. Le dispositif “alerte pharmacie” qui permet aux victimes de se signaler dans la pharmacie la plus proche sera à nouveau effectif. Aussi, les lignes d’écoutes seront maintenues et le traitement judiciaire des violences priorisé. 

Pas besoin d’attestation pour fuir un conjoint violent

“Beaucoup de ces dispositifs ont plutôt bien fonctionné pendant le premier confinement mais force est de constater que le risque de violence reste trop important”, confie une militante du collectif Nous Toutes. Elle interroge par ailleurs certaines annonces du gouvernement sur la question des violences conjugales: “On n’a toujours pas vu augmenter le nombre de places d’accueil en hébergement spécialisé, c’était pourtant une annonce du Grenelle des violences conjugales”, déplore-t-elle.   

https://twitter.com/NousToutesOrg/status/1322131553858822145

Pour permettre de quitter le domicile plus facilement, les attestations ne sont pas requises pour les victimes. Aussi, 2000 courses Uber seront gratuites jusqu’au 31 mars 2021. Ces “bons” seront envoyés à la FNSF (Fédération Nationale Solidarité Femmes), mobilisée pour venir en aide aux femmes en situation d’urgence.  

“La question du transport ne doit plus être un frein pour fuir”, précise Françoise Brié, directrice de la FNSF, interrogée sur France 24. Lors du premier confinement, 1000 trajets avaient déjà été mis à disposition des victimes. Le Ministère s’est également engagé à soutenir financièrement les associations pour assurer la continuité de l’aide aux victimes. 

Les gendarmes s’organisent aussi

Pourtant, certaines d’entre elles n’ont pas eu vent de cette option. C’est le cas de la petite structure Femmes Debout implantée dans le Jura, qui accompagne les victimes de violences conjugales. “Nous n’étions pas au courant de la réunion de vendredi”, assure un éducateur spécialisé, qui n’a pas attendu les instructions de l’Etat pour organiser ce second confinement: “Ici on dispose d’un appartement pour prendre en charge une victime et ses enfants. Si ça ne suffit pas, les personnes seront orientées vers les numéros d’urgence ou les services du département” précise-t-il. 

Comme pour le premier confinement, les gendarmes vont déployer du personnel sur le terrain, notamment pour rentrer plus facilement en contact avec les victimes de violences. “Des choix sont fait dans l’organisation du service pour permettre aux gendarmes d’être plus proches des gens”, indique-t-on à la gendarmerie, qui reconduit également sa campagne de sensibilisation aux violences conjugales. 

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