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Coronavirus : Se dirige-t-on vers un reconfinement ?

Rue de la République, à Lyon, le 17 octobre 2020. JEFF PACHOUD / AFP

PANDEMIE – La situation sanitaire continue de se dégrader en France, avec 12 000 hospitalisations en une semaine. La rumeur d’un reconfinement circule en France. Dans la majorité, on temporise.

  • Plusieurs appels à reconfiner les régions les plus touchées par le Covid-19 ont émergé ces derniers jours.
  • Avant un reconfinement, l’épidémiologiste Viviane Kovess-Masféty veut revoir la façon de dépister pour endiguer l’épidémie.
  • Pour Yves Blein, député LREM du Rhône, « il faut déjà voir ce que la mesure du couvre-feu va donner ».

Les professionnels de santé sont alarmistes. Les chiffres enregistrés en France ces dernières semaines ont battu de nouveaux records, avec 50 000 cas positifs comptabilisés, ce dimanche. La France serait même à « plus de 100 000 cas par jour » selon l’immunologue Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique. « On est dans une situation très difficile, voire critique », a-t-il lancé sur RTL. Le gouvernement fera un nouveau point presse jeudi, pour potentiellement annoncer des mesures plus restrictives.

Parmi celles-ci, un reconfinement local a plusieurs fois été évoqué. Une solution d’urgence qui permettrait de « remettre les pendules à l’heure » selon Eric Caumes, chef du service infectiologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. « Le virus est tellement présent parmi nous que là, je pense qu’aujourd’hui on n’a plus le choix, il faudrait reconfiner », a-t-il déclaré sur Franceinfo ce lundi.

Carte interactive des taux d’incidence par département du 12 au 18 octobre, soit la semaine 42. Source : Santé publique France.

« Tout le monde a bien compris qu’il y a une balance à faire entre l’économie, l’acceptabilité et l’épidémie et qu’on marche sur une ligne de crête », explique à BeforeClass Viviane Kovess-Masféty, épidémiologiste et membre du Haut Conseil de la santé publique. « La situation est gravissime mais avant de se précipiter sur le reconfinement, faisons ce qu’il faudrait faire : tester les bonnes personnes et opérer un suivi rigoureux de l’isolement des cas, nuance-t-elle. Faisons passer des messages pour que les gens se sentent réellement responsables. »

« Il faut déjà voir ce que la mesure de couvre-feu va donner »

Du côté de la majorité, on tempère : « Il faut déjà voir ce que la mesure du couvre-feu va donner. Elle devrait être évaluable d’ici deux semaines. Si elle se révèle inopérante, il faudra nécessairement aller au-delà » reconnaît Yves Blein, député LREM du Rhône. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les voyants sont au rouge : dans la seule métropole lyonnaise, le taux d’incidence continue de flamber, avec 759,8 cas positifs pour 100 000 personnes. Dans le département du Rhône, on n’en compte pas moins de 747 selon les derniers chiffres en date du 25 octobre.

Pour Yves Blein pourtant, les mesures de distanciation sociale et de télétravail mises en place jusqu’ici ne sont pas pertinentes, surtout dans sa région. « Cette fois-ci, les départements ruraux, à faible densité de population, avec des activités agricoles sont hautement concernés. Cela montre bien que nous ne sommes pas sur des problématiques de forte concentration, liées à l’activité et les déplacements ‘travail, bureau, métro’. Cette fois, le phénomène est différent, explique l’élu. La règle télétravail ne s’applique donc pas, puisque par définition, ici, elle concernerait peu de gens. »

Autre critère à prendre en compte : l’impossibilité d’avoir recours au télétravail dans certaines entreprises. « J’ai dans ma circonscription une entreprise de 80 salariés de plantations de chrysanthèmes, en ce moment c’est la saison, c’est une activité importante dans la région. On ne va pas demander aux gens de planter des chrysanthèmes par télétravail. Au-delà des questions économiques, c’est une question de faisabilité ! » abonde l’élu de la majorité.

Cependant, d’autres s’alarment dans cette région, une des plus touchées par l’épidémie en France. Dans un communiqué, l’Union régionale des professionnels de santé libéraux (URPS) d’Auvergne-Rhône-Alpes a réclamé dans les « heures qui viennent » un « reconfinement le week-end et un couvre-feu à 19 h« . Le Premier ministre Jean Castex réunira ses ministres mercredi à Matignon pour évoquer de potentielles mesures plus restrictives. Un conseil de défense aura aussi lieu d’ici jeudi. Les trois prochains jours seront décisifs.

Juline Garnier & Tiffany Konaté

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