LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

Les bruits de la Silent Party

En vogue dans les festivals, ce genre de fête avec casque sur les oreilles rend inédites l’écoute de la musique et l’interaction sociale en soirée.
Une centaine de festivaliers ont participé à la Silent Party. © Raphaëlle Denis

Trois couleurs, bleu, rouge, vert. Trois DJ, DJ Oil, Phono Mundial, Eve Dahan. Et trois ambiances : créole, techno, et jazzy-rock. Bienvenue dans la Silent Party de la Fiesta des Suds. Le principe ? Muni d’un casque sans fil connecté aux tables de mixage, les festivaliers peuvent sélectionner facilement la musique sur laquelle ils souhaitent danser.

« Ah y a de la musique sur la bleue ! » Les premiers mouvements d’épaule commencent au rythme de quelques djembés couplés à des sons futuristes. Et les sourires se déclenchent lorsque les amis découvrent qu’ils écoutent le même DJ grâce à la lumière changeante autour de leur tête. La rouge fait rappeler d’autres percussions, celle du générique d’une émission présentée par Jean-Luc Delarue. Mais pas le temps d’en profiter : les autres écoutent la seule DJ féminine du trio qui ravit avec batterie et synthé.

Mais la Silent Party, c’est aussi des sons extérieurs. Le casque enlevé, un léger brouhaha mêle discussions, bruits de pas et concerts des autres scènes de la Fiesta plus loin. Mais on ne peut pas parler, et personne ne chante. Normal, les musiques envoyées ne sont presque exclusivement qu’instrumentales. Cela n’empêche pas un groupe de jeunes adultes de crier devant les barrières pour motiver les DJ à donner le meilleur d’eux-mêmes. Mais équipé du casque, aucune parole semble sortir de leur bouche.

Un Madison sur de la techno

Retour sur la bleue. Quelques airs de piano, on se croirait en pleine partie de billard dans un pub anglais. Ambiance clubbing sur la verte, qui remue les jeunes adolescents comme en boîte de nuit. Et un peu de saxo ravive le groupe de jeunes à droite de la scène. En rond, ils improvisent des chorés, comme un mauvais madison. Tout à coup, tous se retournent et entendent la sirène du paquebot amarré au J4 qui souhaite le bonsoir aux fêtards. Et aussitôt ils s’immergent à nouveau à fond dans leur mélodie préférée.

Pour celui qui n’a pas de casque, tout peut paraître étrange. Les quelques déhanchements saccadés et les mouvements de menton incompris d’une fille aux cheveux longs qui semble possédée font rire. Elle écoute aussi la rouge. Du côté des DJ’s, les gestes restent timides. Il y a très peu d’interaction avec le public, et ces pro des platines ne s’affrontent pas à coup de « battles ». En principe, dans une Silent Party, chaque DJ se met en compétition en lançant des hits connus de tous et tente de faire dominer sa couleur. La centaine de danseurs est plongée davantage dans une ambiance festival, ce qui reflète finalement bien la Fiesta.

Et là, les premiers pas synchronisés s’enchaînent. D’abord quelques danseurs, puis une quinzaine de casques verts s’agitent ensemble sur de la techno dans un madison plus énergique. Un homme qui n’a pas de casque se joint même au groupe de danseurs amateurs. 3 minutes, puis fin de l’extrait. Tous se retournent vers la scène en poursuivant d’autres danses : en mouvement, le DJ du milieu semble avoir du violet autour de la tête. C’est bon, tout le monde a du son plein les yeux.

Thomas Verbrugghe-Delchambre

Auteur·trice