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Municipales au féminin, le difficile accord de genre

Pancarte de la manifestation du 8 mars 2020, à Marseille. Crédits: Emilie MECHENIN

Les femmes seront-elles les grandes perdantes de ces municipales à Marseille ? Force est de constater que la parité n’est pas encore atteinte entre candidats et candidates, et que l’égalité n’est pas une priorité dans l’agenda politique des partis en campagne.

C’est indéniable, par rapport à 2014, il y a plus de femmes têtes de listes à Marseille. Trois sont même candidates pour succéder à Jean-Claude Gaudin, quand aucune ne se présentait lors des précédentes élections. Pourtant, si davantage de femmes politiques sont mises au premier plan à Marseille, la parité est loin d’être atteinte.
“D’une parité quantitative à une parité qualitative ”
Pour les têtes de liste par secteur, on s’aperçoit que seuls le Printemps Marseillais et le Front National ont autant d’hommes que de femmes. Les municipales à Marseille continuent de s’accorder au masculin.
La parité est une obligation pour les villes de plus de 1000 habitants, mais l’alternance stricte homme/femme ne s’impose qu’au sein des listes. Résultat, dans l’actuel conseil municipal, le premier adjoint est un homme, tout comme le maire. « Tout le problème est de passer d’une parité quantitative à une parité qualitative. Cette obligation de parité ne se traduit pas au niveau des têtes de liste.» résume Marlène Coulomb-Gully, chercheuse  sur les représentations du genre à Toulouse.
Tête de cortège de la marche du 8 mars à Marseille (Crédits/Emilie Méchenin)
Tête de cortège de la marche du 8 mars à Marseille. (Crédits/Emilie Méchenin)

À l’ombre des hommes

S’il y a plus de femmes au pouvoir grâce au système paritaire, elles sont plutôt cantonnées au second rôleetMarseille n’est pas une exception. C’est ce que révèle le rapport annuel sur le sexisme de 2019 : en France 84 % des maires sont des hommes.
En plus d’être exclues des postes les plus importants, le rapport révèle que les femmes conseillères se retrouvent cantonnées à certaines délégations. Pour elle la culture, l’éducation et la solidarité, pour lui le développement économique, les transports et l’aménagement du territoire. La répartition est clichée, c’est pourtant la réalité à laquelle se confrontent les élues.
«  On retrouve, finalement une double ségrégation, explique la chercheuse. Une ségrégation horizontale, les femmes sont affectées à des délégations considérées comme étant l’extension à la vie publique de leur rôle dans la vie privée. Une ségrégation verticale : les délégations les plus dotées sont tenues par les hommes et elles sont, en plus, le meilleur moyen de faire carrière en politique. »

La promotion de l’égalité grande oubliée des Municipales

Au delà de la question de la place donnée aux femmes politiques dans les listes, il y a la question de la promotion de l’égalité au sein même des programmes.
«  Il faut séparer le fait d’avoir une femme tête de liste et le fait d’être sensible aux questions de genre et d’égalité femme – homme. La prise en compte de l’orientation partisane joue au moins autant », analyse Marlène Coulomb-Gully, pour qui « Avoir des femmes têtes de liste fait parti des affichages de modernité ».
Dans la campagne des Municipales à Marseille, les enjeux autours des femmes ne sont pas apparus comme une priorité. Samia Ghali (ex-PS), Bruno Gilles (Divers Droite) ainsi que Martine Vassal (Les Républicains) n’indiquent pas dans leur programme de mesures spécifiques pour l’égalité femme – homme, la lutte contre les violences faites aux femmes ou la défense de la parité. Il ne s’agit pas d’affirmer que rien ne sera fait si ces partis arrivaient au pouvoir, mais la question du genre n’apparaît pas comme une ligne centrale de leurs campagnes.

Les Marseillaises dans les programmes

Les quatre autres partis s’accordent sur le besoin de sécurité des Marseillaises dans la rue. Une coloration plus partisane se retrouve dans leurs autres mesures. Chez le Rassemblement national, le genre est entre autre présent dans l’interdiction du burkini mis dans la catégorie « lutte contre l’islamisme » du programme de Stéphane Ravier.
Yvon Berland, soutenu par la République en Marche, va proposer dans son « Cap des 100 jours » d’accompagner les projets professionnels pour favoriser la création d’activité, entre autre, des femmes.A gauche, Debout Marseille veut une adjoint.e au maire contre les discriminations et le Printemps Marseillais veut favoriser dans les appels d’offres les entreprises qui pratiquent l’égalité.
Tous les candidats ont communiqué le 8 mars, journée de lutte pour les droits des femmes. Les partis de gauche, hors Samia Ghali, ont également défilé à Marseille. La journée tombée une semaine avant le premier tour.
«  Les partis de gauche ne sont pas ontologiquement vertueux sur la question des femmes, mais ce sont des thématiques qui sont historiquement et culturellement débattues depuis plus longtemps que dans les partis de droite », Selon Marlène Coulomb-Gully .
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