LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

A quelques jours du meeting de Mélenchon à Marseille, la belle dynamique des “insoumis”

De gauche à droite : Jordan, Bernard Borgialli, Gérald Souchet et Hugo Manet. Photo MP2017

Les insoumis ont le vent en poupe dans les sondages. Mais leur campagne ne se passe pas seulement sur le plan officiel : en coulisses, il y a la rue et l’éducation populaire.

Au 29, rue de la Grande Armée, dans le quartier des Réformés, le tout nouveau local de la France Insoumise est presque vide. A quelques jours du meeting de Jean-Luc Mélenchon dimanche, tout le monde est sur le front. Mais le front des “insoumis” est ailleurs. Tout au plus le local est-il un endroit pour se retrouver, échanger les dernières nouvelles autour d’une bière, comme le fait en ce moment Jordan : “Il y a aussi internet qui est un volet important de notre communication, mais je crois qu’il ne faut surtout pas renier le travail de la rue. Les gens voient des vidéos sur le net, mais là où on peut vraiment les convaincre, c’est face à face.

La France Insoumise compte selon lui environ 400 militants à Marseille, organisés en groupes de soutiens d’une moyenne de 10 personnes, comme celui dont Hugo fait partie. La vingtaine, ce jeune au chômage s’investit dans cette campagne qu’il trouve “très prenante” : “En fait, je ne me sens pas piloté, au contraire, dans les groupes on est autonomes, et chacun s’y investit à la mesure de ses dispos.” Pour tracter, par contre, c’est une autre paire de manches : “On fait avec ce qu’on a… reprend Jordan, c’est sûr que c’est pas comme Solange Biaggi [candidate aux législatives, ndlr] : elle a des auto-entrepreneurs pour coller les affiches, une orga de fou ! Celle-là, on dirait qu’elle se présente à la présidentielle.

C’est que la France Insoumise ne mène pas la campagne comme tout le monde, comme l’explique Gérald Souchet, candidat aux législatives dans la quatrième circonscription : “Il y a deux têtes : on a d’un côté les équipes officielles, un directeur de campagne, et de l’autre les groupes de soutien avec une autre directrice. De ce côté, on milite avec l’éducation populaire.

Le week-end dernier s’est tenu un cycle de conférences et d’événements, comme le nettoyage collectif de la place Cézanne en bas du cours Julien. Jordan commente, enthousiaste : “C’est ça : “l’avenir en commun”. On n’est pas un parti, on est un mouvement. Pour nous, la présidentielle c’est juste une étape, mais quoi qu’il en soit le mouvement va au-delà.

Portrait : L’insoumis qui voulait servir

Lucas Variol, 20 ans, écologiste et militant de la France Insoumise. Photo MP2017
Lucas Variol, 20 ans, écologiste et militant de la France Insoumise. Photo MP2017

Lucas Variol est un pur politique. A 20 ans, ce militant de la France Insoumise se voit en effet comme “un serviteur du peuple”. Des propos qui pourraient prêter à rire s’ils n’étaient prononcés avec tant de sérieux. Il le dit lui-même d’emblée, il n’est pas quelqu’un de “normal”: “S’entendre dire à 14 ans qu’on devrait se présenter à la présidentielle, c’est sûr que c’est pas commun.

A 17 ans, il a lancé sa première action politique : des bacs de tri dans son lycée, un arbre planté et des réservoirs d’eau de pluie pour les espaces verts. Mais pas question de prendre la grosse tête pour autant. Qu’il se présente un jour à une élection, c’est facile à imaginer ; mais il ne vise pas forcément la lune : “La moindre occasion qu’on me donnera de faire changer les choses, je la saisirai. Être à un poste de pouvoir peut être une solution, mais tous les maillons sont importants. Et être à la base de la chaîne, ça vaut aussi de l’or.

En année sabbatique, il intègre l’année prochaine une prépa maths et souhaite rentrer ensuite en école d’ingénieurs, pour se diriger vers l’astro-physique : “Au moins pendant la prépa, je vais mettre la politique en attente, parce que j’ai envie de connaître le monde. L’élection, je ne pense qu’à ça en ce moment : si on la perd, je serai complètement déprimé.” En attendant, ce soir, Lucas va faire la connaissance d’une migrante et de son bébé : “On m’a demandé si je pouvais aider… Je n’ai aucune idée de ce que je peux faire pour me rendre utile, mais on va bien voir.

Mathieu Péquignot

Auteur·trice