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Marseille: quelle est la place du charisme dans la course pour la mairie?

(Crédit: BORIS HORVAT / AFP)

2020 sera une année particulière pour Marseille. Celui que l’on appelle parfois le «grand Baron» achève ses derniers moments de règne. La guerre des trônes n’est donc pas de tout repos, il faut être à la hauteur de celui qui s’est érigé en véritable figure charismatique. Mais le charisme et la politique, font-ils bon mélange? S’il est une qualité pour l’adhésion, ses effets restent incertains pour l’accession au pouvoir.

 

Urne de vote ( Crédit photo: Pixabay)

 

Vieux-Port, Bonne mère, Vélodrome… Et Jean-Claude Gaudin. Difficile d’imaginer ce à quoi ressemblera Marseille en 2020, le leadership lui appartient depuis maintenant 24 ans. A 80 ans, Jean-Claude Gaudin est devenu partie intégrante du paysage marseillais. Et pour cause, l’ancien professeur d’histoire incarne une figure emblématique avec son accent, ses galéjades et sa faconde. Un charisme qui a séduit à quatre reprises l’électorat, mais pas que: « Globalement, jamais personne n’en veut à Gaudin. Il a un charisme naturel qui fait passer les choses » résume Renaud Muselier. Son charisme l’a-t-il aidé à accéder à la mairie et à y rester? En tout cas, les Marseillais mais aussi les Français se souviendront de lui… Un charme qui a fait ses preuves, et une succession qui ne sera pas évidente.

Chacun sa route, chacun son charisme

 Pour rappel, une personnalité charismatique se caractérise par sa prestance et sa capacité à susciter l’attention et l’adhésion. Elle influence, voire fascine par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions, son engagement. Nous ne prendrons pas position sur le charisme des candidats aux municipales de Marseille. En revanche, nous pouvons illustrer chacun de ces aspects à travers plusieurs exemples. Il y a les formules chocs de Stéphane Ravier, candidat du Rassemblement National, au caractère bien trempé:

« Vivre ensemble. Je t’en foutrai du vivre ensemble », « Moi, maire de Marseille, j’aurais interdit les drapeaux algériens en ville »…

Qualifié parfois de showman dans les médias, ses blagues suscitent attention et réactions.

En conférence de presse, il se moque par exemple de son opposante Samia Ghali, la qualifiant de « point G de Marseille ». La candidate pour Marseille Avant Tout, Samia Ghali, a une stratégie bien différente. Pas de « punchlines » façon Ravier, mais un storytelling bien ficelé. Femme au fort tempérament, enfant des quartiers Nord, elle incarne l’image de la self-made woman, et insiste avec fierté: « Moi les diplômes, c’est dans la rue que je les ai obtenus ».

Elle n’est d’ailleurs pas la seule femme en course: Martine Vassal, candidate Les Républicains, mise quant à elle sur la multiplication de grands projets. « Je vois les choses en grand » répétera la protégée du maire sortant tout au long de sa campagne. Jean-Claude Gaudin la soutient à chaque occasion: « Martine Vassal réussit tout ce quelle touche ». Forêt urbaine à Borély avec piscine, centre équestre, terrain de golf ou encore voie verte « green line » reliant la mer jusqu’au parc du 26e centenaire… Effectivement, les actions ambitieuses ne manquent pas de susciter la curiosité. Des exemples de stratégies bien différentes, mais dont la finalité se résume en deux mots : crédibilité et légitimité.

Un atout à multiples facettes

Le leadership appartient depuis 24 ans à Jean-Claude Gaudin. Difficile d’imaginer ce à quoi ressemblera Marseille en 2020 (Crédits/Suzanne Prez)

Le charisme politique n’existe pas sans croyance. C’est ce que résume Max Weber dans Economie et Société :le charisme est « la croyance en la qualité extraordinaire d’un personnage ». Mais en politique, il revêt plusieurs visages, c’est du moins ce que Patrick Charaudeau, linguiste français et chercheur au Conseil National de la Recherche Scientifique (CNRS), s’applique à démontrer dans la revue Le Charisme comme condition du leadership. Il distingue d’abord le charisme incarné par un « homme providentiel, annonciateur dun avenir radieux », de celui autoritaire et provocateur. Il peut aussi prendre une forme « énigmatique » et mystérieuse. Enfin, il existe deux autres formes de charisme : l’un « sage » dont l’objectif est de « sauver le peuple », l’autre davantage maternel, compatissant et rassurant. Mais peu importe sa forme, les effets réels du charisme dans la course pour les municipales ne sont pas faciles à appréhender. Pour Patrick Charaudeau, « il résulte dun jeu de miroir entre une personne et un public ». Un miroir parfois opaque puisque selon notre sondage, si la majorité des électeurs reconnaît l’influence du charisme politique dans leur vote, il ne serait cependant pas déterminant.

Pour aller plus loin : https://m.ina.fr/video/MAC9203153281/portrait-de-jean-claude-gaudin-video.html

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