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6 Nations : privés de bar, les supporters se retrouvent sur Facebook

En plein tournoi des 6 nations, les supporters du XV de France ne peuvent plus se retrouver au bar ou au clubhouse, fermés à cause de la pandémie de coronavirus. Alors pour échanger et commenter les rencontres, ils se réunissent sur les « neurchis », des groupes Facebook à thème où l’on publie des montages visuels.

Ironiser sur l’énième défaite des Italiens dans le tournoi, se réjouir de la défaite à domicile des Anglais face aux Écossais ou encore se moquer des fautes irlandaises dans les rucks : sur le Neurchi de Rugby, tous les détournements sont permis. Créé par des fans de ballon ovale, le principe du groupe est simple : prenez une image, sortez-la de son contexte pour l’appliquer à une autre situation, et vous obtenez un meme. Avec un seul mot d’ordre : la dérision.

Retrouver du lien

Les administrateurs du groupe sont formels : « le neurchi ne remplace pas les bars. À la limite, nous assurons une sorte d’intérim. » Loïc, le créateur du groupe, développe : « Sans vraiment remplacer les bars, on peut servir de palliatif au lien social. Les gens ont besoin de ça, dans une époque comme celle que nous traversons. »

Avec plus de 12 500 membres, le neurchi permet bel et bien aux aficionados de ballon ovale de perpétrer la tradition des blagues et discussions de comptoir. « J’ai découvert ce groupe pendant le confinement, confie Grégory, arrière en Normandie. Ça ne remplace pas le vestiaire, mais c’est le seul moyen de rester en contact, de communiquer entre supporters, dans une ambiance bon enfant où le seul contenu que l’on voit passer relève du divertissement. » Le jeune homme de 24 ans insiste : « Avant, on enchaînait les matches, on pouvait rester au bar les regarder. Désormais, avec le couvre-feu, quand on se retrouve chez l’un ou l’autre, c’est pour un seul match car il faut rentrer tôt, c’est un peu triste. Avec le Neurchi on retrouve un peu de ce suivi en continu des rencontres. »

Ancien treiziste, Roman abonde : « l’avantage de ce groupe, c’est que l’on peut continuer la discussion, refaire les matchs. Avant, on regardait les matchs au bar, on en parlait à chaud et le lendemain, c’était terminé, on en parlait plus. Avec le Neurchi, même si les publications sont humoristiques, on continue d’entretenir les discussions. »

Au rythme des matches

Tout comme les bars recevaient plus de clients les jours de match, sur le groupe facebook, ce ne sont pas les montages qui manquent lorsque débutent les rencontres. « Clairement, les publications explosent les jours de matchs » explique Loïc. Il se dégage même une certaine tendance : « En top 14, ce qui fait le plus réagir, ce sont les matches du Stade Toulousain et les défaites du S.U. Agen, mais rien de comparable avec le Tournoi, analyse Yassin, administrateur de la page. En semaine, nous recevons une dizaine de propositions par jour, mais pour certaines rencontres, on en reçoit près de 60 ! Lors de la finale de l’Autumn Nation Cup entre la France et l’Angleterre, nous n’avons pas pu tout publier la même journée… »

Nombre de publication reçues par les administrateurs entre le 17 janvier et le 7 février, date d’ouverture du Tournoi des 6 Nations

Les compétions jouent certes un rôle sur l’augmentation du nombre de personnes dans le groupe, mais elles ne sont pas seules : le confinement a bel et bien eu un impact. « Il y a un an, sur le moment, c’est vrai que j’avais attribué la forte progression des adhésions au Tournoi 2020, mais une fois déconfinés, la progression s’est considérablement réduite, expose Loïc. Nous sommes passés de 4000 à 6000 adhérents en une semaine, mais nous avons mis des mois à atteindre les 10 000. »

Évolution du nombre d’adhérents au groupe depuis le 13 décembre, avec une nette inflexion le 7 février (début du Tournoi des 6 Nations)

Avec le Neurchi, les supporters ont ainsi trouvé le moyen de continuer à commenter les matches, à un détail près : si l’esprit rugby et l’humour sont au rendez-vous, il manque tout de même le goût de la mousse et le vacarme des hourras à faire trembler les vitres des bars au moindre essai des protégés de Fabien Galthié.

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