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A l’Hôpital Nord, ferraille contre doudous

Les petits doudous, le jouet phare que l'association homonyme offre aux enfants hospitalisés @lenarosada

L’association Les P’tits Doudous de l’Hôpital Nord, lancée à l’été 2022, récupère et revalorise des déchets métalliques hospitaliers. L’objectif de cette initiative solidaire  ? Financer des jeux et des objets pour adoucir le passage à l’hôpital des enfants qui vont se faire opérer.

Des bistouris qui contiennent des câbles en cuivre recyclable, des lames laryngoscope qui servent à l’intubation des patients en inox, ou encore des pinces métalliques utilisées pour la chirurgie oculaire… A l’Hôpital Nord, les containers bleus destinés à récolter ces dispositifs médicaux usagés sont en place depuis un mois.

C’est l’association Les P’tits Doudous de l’Hôpital Nord qui les a installés.  Une dizaine de soignants de l’AP-HM, principalement des anesthésistes-réanimateurs, y sont bénévoles. « On a pu faire notre première livraison, de 3.5 kilos », sourit Chloé Jay, assistante anesthésiste et membre fondateur du projet. Ils ont mis en place un circuit de recyclage puis de revente des déchets du bloc opératoire, pour financer des doudous et des jeux afin d’améliorer l’hospitalisation des enfants.

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Valoriser des dispositifs destinés à être jetés

Ces dispositifs médicaux appartiennent à l’origine à l’AP-HM (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille), l’hôpital les cède gracieusement à l’association.   « La vocation des P’tits Doudous, c’est récupérer des dispositifs à usage unique. Tout ce qui est réutilisable suit un circuit de stérilisation », explique Stéphanie Grammatico, membre du service technique de l’hôpital et référente secteur environnement. Et les bacs se remplissent vite. «Il y a cinq salles de blocs opératoires, donc autour de 30 opérations par jour », décrit la jeune anesthésiste. « Pour chaque accouchement,  on récupère un set pinces de chirurgie entier ! » continue Chloé.

Les différents métaux récupérés sont ensuite revendus à un ferrailleur, et tous les bénéfices vont à l’association. A Marseille, c’est l’entreprise Broyage du Midi qui prend en charge cette dernière étape. « Le cuivre passe dans une broyeuse de câble, et les différents métaux sont envoyées à une fonderie en Italie », explique Philipe Brahm, le ferrailleur partenaire du projet.

Réduire l’anxiété des enfants hospitalisés

La branche marseillaise de l’Hôpital Nord est la 115eme association locale des P’tits Doudous.  Si l’activité de récupération des matériaux usagés a vu le jour tout récemment à Marseille, l’activité est en place depuis 2011 à l’hôpital de Rennes. A l’échelle nationale, 193 tonnes de métaux par an sont recyclés par l’association. Avec l’argent récolté par la revente de ces matériaux, des objets destinés à améliorer l’hospitalisation des enfants qui vont être opérés sont financés.

« L’arrivée à l’hôpital, la séparation avec les parents, le fait d’être entouré de soignants avec des masques et des blouses …» énumère Chloé Jay. Tout cela peut être traumatisant pour les enfants, mais les jeux de l’association permettent de réduire leur anxiété. Parmi ces jeux, par exemple, des gommettes pour décorer les masques qui serviront en suite à l’anesthésie. Ou encore, des tablettes interactives avec un jeu vidéo personnalisable ou les minots deviennent le héros d’une hospitalisation en ambulatoire.  Et bien sûr, les petits doudous qui donnent leur nom à l’association.

Un véritable défi logistique

Pour mettre en place ces actions solidaires, les soignants ont dû faire face à un véritable défi logistique. Pour l’instant, l’association est en mesure de récupérer les composants de trois services : le bloc opératoire, le service de réanimation, et la maternité.

Les déchets ainsi récupérés vont suivre un processus strict de décontamination, construit selon les directives du Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiale . « Les lames d’intubation sont exposées à la salive des patients, les pinces peuvent être exposées à des tâches de sang  » décrit l’anesthésiste. Les aides-soignantes prennent en charge cette décontamination avant de placer les dispositifs traités dans les bacs de recyclage.

Écoutez Chloé Jay décrire le processus par ici :

Former les soignants au recyclage

C’est un changement des pratiques profond qui doit s’opérer à l’hôpital. Afin de récupérer les matériaux qui financent l’action de l’association,  les gestes de recyclage doivent être exercés au quotidien. « On m’appelle Madame Affiches ! » plaisante Stéphanie Grammatico. « Il y a un impératif de formation des soignants », affirme celle qui consacre une partie de son emploi du temps chargé à présenter les nouvelles possibilités de recyclage des déchets.

« Il y au moins 200 soignants qui travaillent aux blocs opératoires, entre les médecins, les assistants, et les aides-soignantes » continue Chloé Jay. Autant de personnel à former au recyclage des déchets métalliques à usage unique, en essayant d’éviter les erreurs de tri. « Mais quand tu sais pourquoi tu recycles, pour aider les enfants, c’est plus simple de motiver » termine Stephanie Grammatico.

« Dans cette activité, tout est tracé » continue Chloé Jay.« Il y a un double contrôle des déchets récupérés, y compris au sein de l’aire à déchets de l’hôpital», insiste Stéphanie Grammatico. Une procédure de suivi d’autant plus facile à mettre en place que ce sont les soignants bénévoles qui s’occupent du transport, et référencent les stocks à recycler.

Si les filières de tri se multiplient au sein de l’hôpital,  cette initiative solidaire ne représente qu’une part minime des déchets produits par l’AP-HM tous les ans.

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