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À Marseille les avocats font le procès de la réforme des retraites

La nouvelle réforme des retraites mobilise en France depuis 44 jours. Parmi les manifestants : les avocats. À Marseille, ils ont décidé de montrer leur désaccord à travers un faux procès.

Vendredi 17 janvier à Marseille, les avocats se sont retrouvés à la Maison de l’avocat pour faire le faux procès de la retraite. Ils reprochent entre autre à la nouvelle réforme de venir supprimer leur caisse autonome, d’augmenter les cotisations, ce qui causerait – selon eux – la fermeture des petits cabinets et la disparition des avocats indépendants.

Maître Jean-Marc Montanaro est venu le premier à la barre. « Je n’en crois pas mes yeux, je n’en crois pas mes oreilles, vous avocats, vous cessez de vous lever pour défendre« , lance l’homme à la robe rouge en direction des avocats présents dans la salle. Après avoir énuméré les différentes accusations portées contre les avocats, il propose, sans manquer d’humour, « une peine pivot de 64 ans. »

« La cagnotte, ma cagnotte », ironise Maître José Allegrini en référence à l’Avare de Molière. Le bâtonnier jouant le rôle d’avocat général ne cessera de revenir sur les différentes accusations. « Mais vous savez pourquoi il y a une cagnotte chez les avocats ? Parce qu’ils partent à la retraite bien plus tard que tous les âges pivots que vous pouvez exalter et ils partent tellement tard qu’ils y restent peu. » Cette cagnotte représente 5 milliards et 100 millions d’euros sont reversés au niveau national. Mais un avocat ce n’est pas seulement de l’argent, « faire disparaître les avocats du quotidien, c’est faire disparaître un pan de la devise de la République ». Cette « carte vitale judiciaire« , c’est aussi plus de 18 000 aides juridictionnelles et 10 000 permanences pénales. « Que l’on considère les avocats pour ce qu’ils sont, des facteurs de paix sociale, de libération individuelle« , tout en concluant : « Nous ne nous laisserons pas chasser des palais de justice ! » 

S’en est suivie la défense du bâtonnier Dominique Mattei . D’un ton grave et d’un regard noir, il déclare :

Monsieur le président, Mesdames et Messieurs de la Cour, il a été requis contre la profession d’avocat la peine de mort.

Comme lors d’un vrai procès d’assises, le jury s’est retiré pour délibérer et finalement vient l’heure du verdict : « la grève menée par les accusés est légitime » tout en complétant qu' »à l’unanimité, la Cour a décidé d’acquitter les avocats et de rejeter la réforme des retraites. »

Un rejet symbolique. Mais ce n’est pas la fin de la mobilisation. Le Conseil national des barreaux a voté ce vendredi soir la reconduction, pour une semaine, du mouvement de grève.

Filipe Magalhaes

Auteur·trice