Avec l’augmentation des prix de l’énergie, les boulangeries doivent assumer une hausse importante de leurs coûts. À Marseille, la boulangerie du centre-ville « Le fournil du Mont », les prix ont déjà augmenté. Tous attendent avec impatience le bouclier tarifaire annoncé par Elisabeth Borne.
Dans cette boulangerie artisanale du centre-ville de Marseille, rien n’a changé sauf les étiquettes qui présentent les prix. « On a augmenté un petit peu les prix », confie Nathalie Lovaty vendeuse à la boulangerie « Le fournil du Mont ». « Nous avons deux fours, un four pâtissier et un four boulanger qui est très énergivore. Donc la facture d’EDF va venir en février, sachant qu’on paie 2 000 euros par mois d’électricité. Si c’est multiplié par 5, c’est 10 000 euros ! », conclut-elle. Elle ajoute, sourire aux lèvres : « Pour vendre des baguettes à 90 centimes, il faut en vendre des baguettes quoi ! ».
Albert, sort de la boulangerie, et compte combien il a dépensé : « tous les jours : 2, 80 euros de pain ». Puis il regrette : « ça fait très cher ». Alors, pour alléger les factures sans faire fuir les clients, la boulangerie fait fonctionner le four trois heures de moins par jour. Josiane, qui tient son gâteau des rois à la main, estime que le prix n’est pas exorbitant : « 14 euros, c’est raisonnable. Pour 6 personnes, 14 euros … ». Elle ajoute avec gourmandise : « Elles sont bien garnies, avec des fruits confits. C’est très bien ! ». En attendant le bouclier tarifaire, les vendeuses prévoient déjà d’augmenter les baguettes et croissants de 5 centimes cette semaine.
À quelques mètres du Vieux-Port, Gilles Maillet tient la boulangerie le « pain de l’Opéra ». Avec ses 12 salariés, il ne pourra pas bénéficier du bouclier tarifaire annoncé par Elisabeth Borne. Ce « coup de pouce » limitera la hausse des factures à 15% pour les boulangeries de moins de 10 salariés. Le gérant marseillais nous invite dans son bureau, à l’étage de la boulangerie. En fouillant dans ses papiers administratifs, il explique que ses dépenses sont passées de 1 800 à 3 200 euros par mois. « J’ai des retours positifs de la banque qui me disent que c’est bien, mais je vois bien que ça diminue quand je regarde mes comptes à la fin du mois. Une affaire comme nous, avec 12 employés et 850 000 euros de chiffre d’affaires, ça paraît improbable de ne pas vivre avec ! », regrette-t-il. Gilles Maillet a acheté la boulangerie en 2017 en prenant un crédit sur sept ans. Aujourd’hui, il espère pouvoir un jour rentabiliser son investissement. Après quelques secondes de réflexion, l’entrepreneur conclut : « Enfin, je ne dis pas que je ne vis pas … Mais je me retrouve comme un smicard-patron quoi ! »
33 000 artisans-boulangers seraient concernés par l’augmentation des coûts du blé et de l’électricité. Ce ne sont pas moins de 8 boulangeries sur 10 qui sont menacées de fermeture, selon le journal de presse quotidienne régionale l’Ardennais. Le gouvernement a donc planché sur un bouclier tarifaire pour préserver les petites entreprises. Une aide indispensable pour les 12 millions de consommateurs français qui poussent la porte d’une boulangerie chaque année. Un succès pour la mie moelleuse et la croûte croustillante de la baguette, qui a même été récemment inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco.
jlimni