LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

“Accessible”, “À l’écoute”, comment nos aînés envisagent leurs édiles

Le maire ? Oui lorsque je le croise, je lui serre la main”, consent Ben, habitant de la Penne-sur-Huveaune, petite commune d’environ 6000 habitants à l’est de Marseille. Saluer le maire, lui glisser quelques mots constituent une habitude pour ce retraité de 65 ans. Comme pour de nombreux citoyens, qui voient en cet élu l’incarnation d’une forme de proximité. “Ils sont accessibles, contrairement aux conseillers régionaux, députés, et autres”, remarque Évelyne, 70 ans.

C’est l’une des raisons pour lesquelles le maire reste la figure politique préférée des Français. Et ce, particulièrement du point de vue des plus de 65 ans: selon un récent sondage Ifop (août 2019), ils seraient 95% à avoir une bonne opinion de leur maire, contre seulement 72% pour les plus jeunes.

Un lien de proximité

Je le tutoie”, précise encore Évelyne, habitante de Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard. Sans aller jusque-là, ils sont une majorité à bien connaître ce premier magistrat. Parmi les plus de 65 ans, quatre citoyens sur cinq citent son nom spontanément. Contre seulement un sur quatre pour les moins de 25 ans, selon un précédent sondage Ifop (novembre 2017). Des chiffres qui témoignent de l’intérêt que cette classe d’âge accorde aux maires. Ce sont également eux qui affichent le plus fort taux de participation aux élections municipales.

Question de génération ? De rapport à leur territoire ? Chez les électeurs âgés particulièrement, la figure de l’édile fait recette. “Un tel attachement à la figure du maire a pour origine et pour corollaire l’attachement à l’échelon communal, territoire perçu comme familier et riche de projections identitaires”, précise le sociologue Christian Le Bart. De fait, la perception évolue et l’attachement s’estompe à mesure que l’on change d’échelle : si l’on s’intéresse aux députés et aux sénateurs par exemple, ils ne sont plus que 45% des plus de 65 ans à en avoir une bonne opinion.

La municipalité, c’est un étage très important, appuie encore Évelyne. Surtout que nous sommes une commune d’environ 18 000 habitants, donc le maire a la compétence concernant l’urbanisme. Il fait également beaucoup pour l’action sociale”. L’élu municipal est le premier représentant de l’État dans sa commune. Véritable relai local, il dispose de nombreuses compétences, pour la plupart relatives à la vie quotidienne des administrés. Action sociale, urbanisme, mais aussi voirie, transport scolaire, gestion des écoles, collecte des ordures ménagères. Dans l’ensemble, les citoyens de plus de 65 ans que nous avons rencontrés connaissent bien ces attributions.

Le maire est également chargé d’honorer les mariages, naissances et décès. Autant d’occasions de renforcer les liens avec ses citoyens.

Des attentes fortes

Malgré tout, la figure du maire n’est pas épargnée de la crise de défiance générale envers les élus. Selon un récent sondage Harris Interactive (2015), la confiance à son égard est tendanciellement en baisse (-4 points depuis le précédent baromètre de concertation locale en 2014). Même si elle reste significativement meilleure qu’envers les représentants nationaux.

Aux prochaines élections, la personnalité du maire sera primordiale pour les électeurs âgés: 67% des plus de 65 ans affirment que celle-ci jouera un rôle déterminant dans leur vote. Mais la question du programme et des réalisations concrètes n’est pas en reste, parmi les interrogés : ils étaient nombreux à souligner l’importance des mesures adoptées par l’édile. “Le maire doit être un technicien avant d’être un élu, note Michel, 72 ans, citoyen marseillais. Il doit faire une gestion efficace et non partisane”. Des attentes nombreuses, qui seront jugées en mars prochain par les électeurs.

Inès Guillemot

Auteur·trice