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Au cours Ju, la collecte des déchets en circuit court

La Butte circulaire propose une alternative au ramassage des déchets du centre de Marseille

La Butte circulaire propose une alternative au ramassage des déchets du centre de Marseille. @Nina Cardon

Si les meilleurs déchets sont ceux que l’on ne produit pas, les commerçants du centre de Marseille apprennent à les voir aussi comme des richesses. Depuis le mois d’avril 2021, les 200 commerçants du quartier doivent s’acquitter de la taxe métropolitaine pour la prise en charge de leurs déchets. Une autre solution de collecte s’offre à eux : faire appel à la Butte circulaire, une coopérative de gestion de déchets.

Deux imposants îlots de détritus encadrent le Cours Julien, un des quartiers les plus animés de Marseille. Les sacs poubelle s’empilent et le tri devient vite secondaire. Pourtant, tous ces déchets pourraient avoir une seconde vie. Depuis juillet, une coopérative de collecte et de tri des déchets propose une solution innovante.

Les déchets sont en cours de dépouillage dans le local de la Butte. Photo Nina Cardon

L’organisation de la Butte circulaire est simple, la collecte se fait 3 fois par semaine, à vélo électrique. Louis et Neil font le tour du quartier pour récolter les déchets de chaque commerçant et les amener à leur local sur le Cours Julien. Puis vient le moment du tri, les cartons dans la presse pour former des ballots, les sacs jaunes d’un côté, les sacs bleus de l’autre. Des camions passent une fois par semaine pour transporter les déchets jusqu’à un centre de tri Veolia, à Aubagne. Les cagettes en bon état sont distribuées aux forains du quartier et les cartons vendus à 50 centimes pièce. Neil Gougam, un de ses salariés et gérant du bar le 51 au cours Julien, explique par exemple que l’huile de friture usagée a beaucoup de valeur. C’est avec elle que l’on fabrique du kérosène pour alimenter les avions. “Il faut changer de regard sur nos déchets et voir la chaîne de tri comme un enjeu local”, insiste-t-il. Selon Neil, entre 700 kilos et 1 tonne sont ramassés par semaine. Pour les bio déchets, on parle d’environ 500 kilos hebdomadaires de produits végétaux récoltés.

Dans la ville où la gestion des déchets est historiquement catastrophique, la Butte circulaire collabore avec seulement 32 commerçants. Ce faible succès est dû à l’investissement que demande le tri aux professionnels. Le travail de Neil et Louis consiste également à faire de la pédagogie. “Plus le tri est bien fait en amont, plus il est simple pour nous de valoriser les déchets après, explique Neil. Il n’y a rien de compliqué, mais c’est vrai que ce sont des habitudes à prendre.

La nouvelle presse permet de faire des ballots de cartons qui seront ensuite revalorisés. Photo Nina Cardon

Avant la création de la redevance pour les professionnels, la gestion des déchets était entièrement soutenue par les particuliers. Aujourd’hui, l’ensemble des établissements qui “consomment plus que l’équivalent d’un foyer de 5 personnes” doivent payer la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Mais, sur place, cela n’a pas changé grand chose. La métropole ne parvient toujours pas à gérer complètement cette masse quotidienne de sacs noirs. La collectivité cherche alors à déléguer cette mission à d’autres. La Butte circulaire est née dans le cadre d’un projet pilote porté par l’entreprise Synchronicity. Lancé en juillet dernier, le projet a pour vocation, à long terme, d’organiser un maillage de récoltes de déchets par quartier. Nous rencontrons Louis T’jampens, salarié de la Butte circulaire dans son local.

L’entreprise Synchronicity a été sollicitée par la Métropole pour aider les commerçants à monter le projet de la Butte sous la forme d’une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Le bénéfice est aussi financier pour les commerçants qui voient leur taxe divisée par deux avec la Butte. Louis T’jampens insiste sur le lien social que crée la Butte circulaire. 

Les commerçants facilitent le tri pour petits et grands. Photo : Nina Cardon


Delphine Godard gère le glacier de l’Eléphant Rose et a tout organisé dans son établissement pour que le tri soit simplifié notamment pour ses plus jeunes clients. Delphine a scotché un déchet sur chaque poubelle pour indiquer son emplacement. Elle raconte comment elle s’est lancée dans cette aventure : “Quand la Métropole m’a demandé de payer la redevance, pour un service qui allait rester le même, c’est-à-dire des rats autour de poubelles puantes, je me suis mise à chercher une alternative. Je veux bien payer mais seulement si je suis assurée que le ramassage des déchets est trié et valorisé. Avec la Métropole je n’avais aucune visibilité sur leur avenir.

 
 
 

Si le maillage de ramassage des déchets de la totalité de la ville vient à se faire, la métropole n’aura plus du tout à se soucier de la gestion des déchets, une aubaine pour les rues marseillaises pour lesquelles le système actuel dysfonctionne. 

Auteur·trice
Nina Cardon

3 thoughts on “Au cours Ju, la collecte des déchets en circuit court

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