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Des jeunes politisés, mais pas dans les urnes

Sur la Plaine, les discussions vont bon train sur la prochaine élection présidentielle - Crédit : Capucine Laulanet

À l’approche de l’élection présidentielle, une très forte abstention chez les jeunes est attendue. Abstention volontaire ou simple désintérêt ? A Marseille, les étudiants s’expliquent.

Devant la faculté de la Timone, de nombreux étudiants discutent entre eux. Si les rires fusent, les sourires se crispent aussitôt  quand vient la question des futures élections. « J’irai voter oui, mais seulement au premier tour », affirme Inès, 24 ans. « L’idée est de voter pour un petit candidat qui me représente, même si ses chances de gagner sont faibles. Pour autant, je ne voterai pas par dépit au second tour, je ne souhaite pas cautionner Emmanuel Macron pour lutter contre l’extrême droite, ce serait hyper violent pour moi. ». A 15 minutes de là, Alexis, 22ans partage le même avis. Entouré de ses amis, le jeune homme profite du soleil sur la place Jean Jaurès, lieu prisé par les jeunes. « J’irais voter au premier tour oui », annonce Alexis. « Mais si le deuxième tour c’est Le Pen, Zemmour et Macron non. Vu que le vote blanc n’est pas comptabilisé, je vais m’abstenir. »  Pour lui, le manque de renouveau politique est une des raisons essentielles de l’abstention. « Ce sont les premières élections auxquelles je peux participer, donc j’irais pour la forme. La politique pour moi c’est un cercle qui tourne souvent en rond. »

 

« Le principe de voter une fois tous les cinq ans me dépasse. »

Plus qu’une lassitude, certains jeunes dénoncent le système démocratique en lui même. Nina, 23 ans est dans l’incertitude quant à avril prochain. « Je n’ai pas voté pour les élections de 2017 mais j’ai voté pour les législatives et les européennes, qui à mon sens sont plus démocratiques. » La jeune femme est pourtant une jeune militante: « je participe à la vie associative, je me considère comme quelqu’un d’engagée. » Pour elle, justifier l’abstention des jeunes par le désintérêt est un raccourci: « Le vrai problème c’est que ces élections sont binaires, toute l’attention se concentre autour du clivage électeurs et abstentionnistes. Je ne souhaite pas cautionner un système dans lequel je ne me reconnais absolument pas. » Le principe de l’urne ? « Complètement désuet », pour la jeune femme. « Le principe de voter une fois tous les cinq ans me dépasse, ajoute-t-elle. Je souhaiterais passer enfin dans une véritable démocratie représentative, que les actions soient concrètes et locales. La lutte n’est pas dans l’isoloir ». Un rejet du système d’élection partagée par de nombreux jeunes, dont Angie, 28 ans et militante féministe. « Avec les filles du collectif on est un peu désespérées », affirme-t-elle. La jeune femme sera pourtant bien présente dans les urnes. La raison ? Barrer la route à l’extreme droite. « Face aux risques de fascisation, ne pas aller voter c’est quand même cautionner, chose qu’on pourra nous reprocher par la suite. » D’après l’Ifop 60% des 18-30 ans comptent délaisser le vote ce 10 avril, soit le double des élections de 2017.

Auteur·trice
Diane Pezeron-Dubois
Auteur·trice
Capucine Laulanet

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