« Dès que je voyais une voiture de police arriver je savais que c’était pour moi »

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En matière de contrôle d’identité, les procédés utilisés par les forces de l’ordre sont largement controversés. Témoignage d’un policier d’origine tunisienne (qui souhaite rester anonyme pour l’exercice de sa fonction).

Il a grandit dans une cité où les contrôles ont rythmé son quotidien mais c’est avec philosophie qu’il aborde ce qui aujourd’hui fait polémique : le contrôle basé sur une origine, une couleur de peau.

Selon un rapport dressé par le défenseur des droits en 2017, les jeunes hommes âgés de 18 à 24 ans, perçus comme noirs, arabes/maghrébins sont particulièrement concernés par les contrôles. 80 % d’entre eux rapportent avoir été contrôlés au moins une fois par les forces de l’ordre. Et pourtant…

Tutoiement, brutalité, insultes, manque de politesse : les plaintes à l’égard des forces de l’ordre sont nombreuses. La dernière en date, trois lycéens contrôlés d’origine malienne, comorienne et marocaine, au retour d’une sortie scolaire à la gare du Nord à Paris.

La réalité du terrain paraît parfois éloignée des principes prônés par les forces de l’ordre. Une situation qui s’est largement détériorée avec la multiplication des attentats.

Le rapport dévoilé par le défenseur des droits, Jacques Toubon, démontre également que la multiplication des contrôles auprès d’une catégorie de la population alimente chez eux le sentiment de défiance envers les institutions policières et judiciaires. De nombreux mécanismes conduisent à la création d’un rapport de force, à commencer par la tenue des policiers.

Depuis le 1erjanvier 2014, policiers et gendarmes doivent porter leur numéro RIO (référentiel des identités et de l’organisation). Un numéro de matricule qui permet leur identification en cas de plainte. Malgré tout, l’efficacité de cette mesure reste limitée et les plaintes peinent souvent à aboutir. Alors pour réduire ces contrôles jugés discriminatoires, un autre procédé est actuellement en discussion : le récépissé de contrôle d’identité. Un papier remis à chaque personne contrôlée qui permet aux personnes déjà contrôlées d’être exemptées d’un second contrôle.

Regards discriminants, propos censurés : au cœur des forces de l’ordre, le quotidien d’un policier d’origine magrébine peut également parfois être difficile.

Si aujourd’hui, les jeunes hommes d’origine magrébine ont 20 fois plus de probabilités de se faire contrôler…

Camille Nowak

Auteur·trice

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