En Syrie, les forces américaines commencent à se retirer de zones aux abords de la frontière turque
La Maison Blanche a annoncé dimanche que les troupes américaines stationnées en Syrie allaient se retirer des abords de la frontière turque. Une décision prise pour laisser la Turquie mettre en œuvre “une opération prévue de longue date” dans le nord du pays. Selon des sources kurdes et une ONG, le retrait a commencé ce lundi.

Dimanche 6 octobre, dans un communiqué rendant compte d’une conversation téléphonique entre Donald Trump et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, la Maison Blanche a déclaré : “La Turquie va bientôt mettre en œuvre son opération prévue de longue date dans le Nord de la Syrie”. Lundi 7 octobre, les forces américaines quittent cette zone à proximité de la frontière turque pour laisser le champ libre à cette offensive militaire.
« Les forces américaines ne vont pas soutenir ou être impliquées dans l’opération« , a déclaré Stephanie Grisham, porte parole de la Maison Blanche. Cette annonce de Washington représente un nouveau revirement dans la position américaine sur la Syrie. Ainsi les États-Unis ne s’opposent pas clairement à une opération turque contre ce qu’Ankara appelle une « milice » kurde.
« Nettoyer » le Nord de la Syrie des « terroristes »
Washington n’a donné aucun détail sur cette opération turque qui reste incertaine. Mais une chose est sûre, la Turquie considère les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) comme « terroristes ». Elle ne tolère pas sa présence à proximité de sa frontière et a maintes fois répété son souhait de créer une « zone de sécurité » entre ses frontières et les régions contrôlées par les Kurdes dans le nord de la Syrie.
Au lendemain de l’annonce américaine, Mevlüt Cavusoglu, ministre turc des affaires étrangères s’est exprimé sur Twitter : « Depuis le début de la guerre en Syrie, nous avons soutenu l’intégrité territoriale de la Syrie et nous continuerons de le faire. Nous sommes déterminés à protéger notre (…) sécurité en nettoyant cette région des terroristes. »
Have supported the territorial integrity of #Syria since the beginning of the crisis and will continue to do so. Determined to ensure survivability and security of #Turkey by clearing the region from terrorists. Will contribute to bringing safety,peace&stability to Syria.
— Mevlüt Çavuşoğlu (@MevlutCavusoglu) October 7, 2019
Les combattants kurdes blâment la décision de leur allié
Cette opération turque, si elle a lieu, sera lourde de conséquences pour les combattants kurdes. Leur rôle a été crucial dans le succès militaire contre le groupe État islamique (EI), Washington s’étant beaucoup appuyé sur eux.
Sur Twitter, ce lundi 7 octobre, la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) s’est élevée contre la décision américaine et la possible intervention militaire turque. Cela risque de « remettre en cause le succès obtenu contre l’EI », de faire de la Syrie « une zone de conflit permanent » et d’entraîner un « retour des chefs de l’EI », a-t-elle mis en garde.
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Any #Turkish attack will result in:
1. Reverse the successful effort to defeat #ISIS, where #SDF sacrificed 11K martyrs of our sons & daughters over 5 years of war, which led to destroy the caliphate & created stability & security for the people of NE #Syria.— Coordination & Military Ops Center – SDF (@cmoc_sdf) October 7, 2019
Face à cette vive inquiétude, l’ONU a déclaré ce lundi « se préparer au pire » à propos de l’offensive à venir. Si cette opération a bel et bien lieu, il s’agira de la troisième menée par la Turquie en Syrie depuis 2016. Deux précédentes offensives turques ont été menées depuis dans le nord syrien : la première en 2016 visait l’EI et la deuxième, en 2018, les YPG.
Raphaèle Minconé (Edité par Nicolas)