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Esport – League of Legends : G2 Esports, la désillusion

L’AccorHotels Arena de Paris a accueilli la finale des Mondiaux de League of Legends dimanche 10 novembre. Les Chinois de FunPlus Phoenix ont balayé les favoris européens, G2 Esports. J’ai assisté à la débâcle, atterré.

C’est le cœur lourd que j’ai quitté l’AccorHotels Arena dimanche dernier pour la finale des Mondiaux de League of Legends, opposant les Chinois de FunPlus Phoenix à l’équipe européenne, chouchou du public, G2 Esports. Tous les signaux étaient pourtant au vert. G2 Esports sortait d’une demi-finale mémorable face aux Coréens de SK Telecom T1, devant un public madrilène en feu. Assis sur ma chaise, j’ai été contraint de contempler le match derrière mon écran, serrant le poing à chaque avantage pris par G2. Réputé comme le meilleur public d’Europe, Paris accueillait naturellement la finale. J’ai du faire des pieds et des mains pour me rendre à Bercy. Première vente ? Impossible d’accéder au site, les places partent en quelques minutes à peine. Nouvelle injection de places ? Rebelote. Et puis miracle, un ancien camarade de jeu annonce sur Twitter qu’il possède quatre places. Je tente ma chance, sans trop y croire.

Quelques minutes et un virement de 45 euros plus tard, nous organisions une rencontre entre gamers, pour nous rendre à la finale. Merci internet.

Le premier titre pour l’Europe : un rêve à portée de main

Au terme d’un mois de compétition, les Européens débarquent à Paris en conquérants. Sur place, 15 000 spectateurs. En ligne, plus de 3,9 millions de téléspectateurs simultanés, hors retransmissions télévisées et hors territoire chinois.

Les joueurs européens, réputés taquins, s’en sont donné à cœur joie sur les réseaux sociaux, multipliant les tweets cinglants envers l’équipe adverse. À l’image de celui Luka « Perkz » Perkovic : « Prêts pour la seconde partie la plus rapide du monde ? »

Le public, les commentateurs, les analystes, nombreux étaient ceux qui les voyaient décrocher leur titre de champion du monde. Une première pour l’Europe.

Les dix joueurs, cinq par équipe, accompagnés des remplaçants et coachs entrent dans l’arène, sous les applaudissements d’un Bercy plus excité que jamais. G2 Esports est la meilleure équipe que l’Europe a vu naître. Pour la première fois, la coupe était à portée de main. À la maison. Le rêve semblait presque trop beau. À raison.

Des espoirs réduits à néant

Malgré une première partie relativement disputée, le public a vite été refroidi après deux très sèches défaites. Des mauvais souvenirs de l’année précédente remontent. Les Européens de Fnatic avaient été balayés par l’équipe chinoise Invictus Gaming en finale des Mondiaux de 2018 en Corée. Les chants se poursuivent, les spectateurs enchaînent les olas interminables, les applaudissements, pour encourager leur équipe favorite. Personne ne voulait croire à un scénario similaire à l’an passé. Et pourtant. La troisième partie n’a guère été plus longue que les deux premières. Les FunPlus Phoenix ont maîtrisé leur sujet de bout en bout, s’imposant trois parties à zéro, et écrasant les espoirs d’un premier sacre européen.

Mais les spectateurs ne se dégonflent pas. Les Chinois soulèvent leur trophée devant un public, certes déçu du résultat, mais toujours fair-play. Certains ont la gorge nouée, je me prends la tête dans les mains, d’autres ont du mal à contenir leurs larmes. Malgré tout, les applaudissements retentissent. C’est ça l’esport. L’ambiance n’a rien à envier à celle d’un stade de foot plein à craquer, au contraire. Ce qu’on appelle les valeurs du sport, n’ont jamais été plus respectées qu’ici. Aucune insulte envers on ne sait quel joueur ou arbitre, caillasser un bus de joueurs est impensable. Qu’importe les vainqueurs, ils savent qu’ils pourront célébrer leur victoire sous les acclamations de la foule.

Plus grandiose qu’un concert

Au delà d’une simple finale, j’ai assisté à un véritable show. Regarder la cérémonie d’ouverture aujourd’hui me donne encore des frissons. Les spectateurs ont été prévenus avant le show : pas de flash. Et ils ont vite compris pourquoi. La salle est plongée dans le noir pour laisser la scène à True Damage, groupe composé de Keke Palmer, Becky G, Soyeon, Duckwrth et Thutmose, spécialement créé par Riot Games pour l’occasion. Sur leur titre Giants, la chorégraphie est millimétrée, les jeux de lumières à couper le souffle, créant une réalité augmentée en direct. Ensuite, place à Chrissy Costanza et Cailin Russo, interprètes de la chanson phare de l’événement, Phoenix. Comme un symbole pour les futurs champions.

Il est presque impossible de décrire la farandole de couleurs et d’effets spéciaux de cette performance. L’image parlera mieux que la plume.

La finale des championnats du monde de League of Legends est un événement auquel il faut assister une fois dans une vie. Tout y est : les valeurs du sport, le spectacle, l’émotion.
En 2020, les Mondiaux se dérouleront à Shanghai, où les Chinois devront défendre leur titre devant leur public. Il faudra attendre quelques années avant que la coupe de l’invocateur ne foule le sol européen de nouveau.

Théo Grébin

Auteur·trice