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Festival « Cœur de femmes » : apprendre l’autodéfense pour être rassurée dans l’espace public

Aissa Riah, professeur de self-défense dans l’association OFOLEP apprend à une jeune fille un mouvement pour se libérer d’une agression. © Marie Debais

Le mercredi 18 et jeudi 19 octobre, le festival « Cœur de femmes » s’est tenu à l’îlot Velten dans le centre-ville de Marseille. Pour sa onzième édition, l’association « Culture du cœur 13 », organisatrice de l’évènement, a choisi de mettre en avant la problématique de la place des femmes dans l’espace public en proposant aux visiteuses une initiation à l’autodéfense.

Chaque jour, Alessia rentre chez elle à pied. Une marche de seulement cinq minutes, dans le centre-ville de la cité phocéenne, qui angoisse la collégienne de 12 ans. « Une fois, un SDF m’a crié dessus parce que je n’ai pas voulu lui donner d’argent, ça m’a fait peur », lance Alessia alors qu’elle apprend, à l’occasion du festival organisé par « Culture du cœur », des techniques d’autodéfense. Pendant une demi-heure, la jeune fille au tee-shirt cyan assimile différentes techniques pour se libérer rapidement d’une agression. Et pour être rapide, il ne faut pas bouger pour laisser penser à l’agresseur qu’il maîtrise la situation et attendre le bon moment pour riposter. L’exercice qu’Alessia préfère, c’est celui qui bloque les poignets. Elle s’amuse même à l’expliquer à ses amies : « Ça peut leur servir ! », dit-elle d’un ton sérieux avant qu’une de ses camarades ne lui demande des précisions sur la façon de pivoter le poignet.

« On est juste en simulation, quand on pense aux femmes qui se font taper dessus, ça me fait mal », s’exclame Faty Maoulida en se touchant l’avant-bras. La femme d’une trentaine d’années participe à l’initiation pour « gagner en confiance » dans la rue. « Je trouve ça important d’apprendre tout ça, on est de plus en plus à se faire agresser », déplore la jeune femme élancée aux cheveux bouclés, avant de repartir vers l’instructeur pour apprendre à contrer une attaque par derrière. Pour l’exercice, Faty Maoulida joue l’agresseur et Aissa Riah, éducateur sportif et professeur de self-défense dans l’association « Union française des œuvres laïques d’éducation physiques », se met dans la peau de la victime. « Hop ! Et là tu cours ! », explique Aissa Riah en rigolant après avoir montré le mouvement à son élève de quelques minutes.

Une pratique ouverte à toutes

« On veut attirer les gens, pour faire découvrir cet art-martial », indique Aissa Riah avant de poursuivre : « On a déjà accueilli des femmes à l’association pour leur apprendre le self défense et on aimerait continuer. C’est un plus pour les femmes de savoir se défendre ! ». Pour ce faire, nul besoin d’aller à la salle de sport, « on utilise la force de l’autre », affirme Aissa Riah, « c’est un sport tout public, on peut commencer très jeune ». Un avis partagé par un ami de l’instructeur, Lyes  Goumghar, qui pratique les arts-martiaux depuis plus de quinze ans. « C’est le genre d’atelier qu’il faudrait imposer dès la primaire », s’écrit-il en regardant les jeunes filles travailler les mouvements. Le grand gaillard, de près d’1 mètre 90, a même poussé ses deux filles à pratiquer la boxe pour éviter qu’elles ne se retrouvent éventuellement en difficulté dans la rue : « Ma fille de 21 ans s’est déjà servie de ça à Marseille, ça me rassure de savoir qu’elles peuvent se défendre », confie-t-il.

Réinvestir l’espace public

« On a besoin d’avoir cette sensibilisation face aux agressions », assène Amandine Bocco. Cette animatrice socio-culturelle au sein de l’association, « Culture du cœur 13 », co-organisatrice de l’évènement, pense qu’initier les femmes à l’autodéfense est primordial. « Ça rentre dans l’un des axes majeurs de l’évènement, qui est la place des femmes dans l’espace public », indique-t-elle avant de terminer : « On a aussi prévu, ce mercredi soir, une marche dans la rue avec une lecture des textes de Louise Michel (défenseure des droits des femmes et révolutionnaire de la Commune de Paris, ndlr), c’est symbolique ».

Marie Debais

Auteur·trice
MASTER 1 JOURNALISME EJCAM

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