LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

Festival ou féria ? La rédaction a tranché !

La plus célèbre des fiestas méditerranéennes a tout l’air d’être un festival. L’ambiance, la musique et l’endroit empruntent pourtant certains codes des férias, les traditionnelles fêtes taurines.
Sous le premier chapiteau, cette figure tentaculaire aux mille lumières. © Andy Millet

Il y a bien une chose de certaine : cette 27ème édition a attiré, une nouvelle fois, beaucoup de monde. Cela devient une habitude : cet événement iodé, légèrement ventilé par la brise maritime, est plébiscité par les Marseillais depuis le commencement. Mais ce qui le rend si unique en son genre, c’est sa double casquette.

Une fête schizophrénique rythmée à la fois par la clameur exaltante d’un festival, et la douceur jazzy et fiévreuse d’une bodega propre aux férias. Mais alors, festival ou féria ? Vers qui penche le cœur de la Fiesta ? La rédaction a mandaté sa brebis galeuse pour tenter de répondre à la question.

Maurice – Momo pour les intimes, a tranché, façon statisticien. « 80% féria, 20% festival », déclare solennellement le Phocéen de 51 ans accoudé à l’un des bars, avec son ami Christian. Chapeau de cowboy et clope au bec, il argumente : « Regardez autour de vous. Les gens peuvent s’asseoir et manger, on trouve de la nourriture basque et andalouse, il y a toujours un fond de musique jazz… Moi, ça me fait penser aux férias de Nîmes quand j’étais minot. Même les petits gravillons sur lesquels on marche font penser au sable des arènes. » Pour autant, Momo concède que l’encadrement, les nombreux bénévoles et les barrières « sont plutôt des caractéristiques d’un festival ».

Banda du Dock

En tant que journaliste, il n’était pas question de couvrir un événement culturel et musical sans boire une bonne bière. Qui dit bière, dit passage aux toilettes. C’est là que nous rencontrons Anissa, une bénévole habituée à ce genre d’événements. Sur les trois jours de célébration, elle coordonne l’accès aux WC. Pour cette enquête, c’est une source rêvée, du pain béni pour appuyer nos propos. Sa réponse est (presque) sans appel. « La Fiesta des Suds, c’est 75% festival, 25% féria ! » Amère, elle se remémore « des mauvaises expériences » lors des fêtes taurines : « Il y a un minimum d’encadrement au niveau de la sécurité. C’est quasi le chaos. Les gens ne viennent que pour être avinés. »

Encore un signe de l’identité férias : cette pancarte du Club Taurin Paul Ricard. © Andy Millet

Des gens alcoolisés, il n’y en a pas beaucoup pour l’instant. Excepté peut-être deux ou trois étudiants en école de journalisme un peu « pompette », 50 cl de bière dans l’estomac et rien de solide pour amortir le choc.
Sur la petite scène proche de l’entrée, un groupe d’amis en pleine discussion sont soudain interrompus par le vacarme de la Banda du Dock, ce groupe folklorique aux racines marseillaises. Le ballet des instruments à vent, au rythme de la musique « salsa », a un côté exaltant. La fanfare se dirige vers l’entrée, applaudie – voire même mimée – par les spectateurs. Ambiance féria ?

Lucile, une des membres du groupe d’amis, n’a pas l’air convaincue. Originaire du Médoc, cette étudiante en école d’éducateur spécialisé connaît bien les férias. « J’en ai fait beaucoup cet été, glisse-t-elle. La Fiesta des Suds, c’est clairement un festival. A 100%. Les férias, c’est la folie toute la journée, il y a cette excitation d’être dans une ville entière, il y a les arènes… » Mais alors Lucile, que penses-tu de cette banda ? On est dans le Sud Ouest là ! « Ok, ils apportent une petite touche du Sud Ouest… mais c’est une banda marseillaise, et ce sont les seuls » conclue-t-elle. Son ami Clément se permet même une légère critique ironique. « La Fiesta des Suds, c’est le Tomorrowland français ! »

Comme vous avez pu le constater, cette enquête de terrain est finalement un échec. C’est donc l’heure de faire le point. Festival ou féria ? La rédaction, composée de dix-neuf personnes pour cet évènement, a tranché : 94,74% pour l’ambiance festival, 5,26% pour l’ambiance féria. Et là, vous vous dites : qui est l’unique misérable qui a voté pour l’ambiance des fêtes taurines ? Oui, c’est le rédacteur de cet article. Et sur la question, son avis compte plus que les autres. Longue vie à la Festiria.

Samuel Monod

Auteur·trice