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« Il y en a marre de ramasser les miettes » : les danseurs marseillais déçus face à la disparition du breaking aux JO 2028

Battle de breakdance, Séoul, Corée du Sud, octobre 2017 @Jae Young Ju (iStock)

Alors que le breakdance fera ses débuts à Paris lors des JO 2024, la discipline ne sera finalement pas au programme des JO de Los Angeles quatre ans plus tard, a annoncé le Comité d’organisation américain le 9 octobre. Une mauvaise nouvelle pour les « bboys » et « bgirls » des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), berceau insoupçonné du break en France.

« Je ne comprends pas cette décision », s’exclame Luca, treize ans. Ce vendredi soir, dans la petite salle de danse de l’espace Tino Rossi, les jeunes « bboys » et « bgirls », noms donnés aux adeptes du breakdance, style de danse développé à New York dans les années 1970 caractérisé notamment par ses figures au sol, ne cachent pas leur déception. « Participer un jour aux JO de break ça serait incroyable, et tellement d’adrénaline ! », renchérit le danseur, les yeux pétillants, qui s’échauffe les poignets. Un rêve de gosse freiné le 9 octobre : alors que le breaking fera ses débuts à Paris en 2024, la discipline ne sera pas au programme des JO de Los Angeles quatre ans plus tard. Bien que populaire aux États-Unis, cette danse n’a pas convaincu ni séduit le Comité d’organisation californien.

Dans la petite salle de danse, les traces de baskets se fondent dans un parquet déjà usé. Des tatamis reposent à l’arrière pour exécuter, si besoin, les figures les plus complexes. Orientés face au miroir de la salle de danse, les jeunes danseurs, eux, enchaînent les pompes au rythme de la musique. « D’un point de vue sportif, le break a entièrement sa place aux JO, cela demande une discipline et un travail musculaire très important », commente Sabrina Larcanese, mère de deux « bboys » présents dans la salle, tout en observant le cours depuis le couloir.

Les Pennes-Mirabeau, au commencement du break en France

Kamel Ouaret, coordinateur de l’association de danse AC2M, se souvient des premiers événements organisés dans la commune : « En 2006, dans la salle de musique le Jas Rod, notre groupe Force Obscure a organisé le premier battle de breakdance des Bouches-du-Rhône ‘Obscur Session’ », se rappelle-t-il sans mal. « En 2003, on avait déjà commencé à organiser des concerts de rap. Cela représentait des tremplins pour les bboys et bgirls marseillais qui participaient aux ‘scènes ouvertes’ », détaille Kamel. « J’aimerais que le break reste aux JO, car avant, on était considéré comme une sous-culture. Le breakdance a sa place dans les plus belles salles du monde, il y en a marre de ramasser les miettes », affirme-t-il, déterminé.

Parmi ces danseurs du début des années 2000, Nahim Sassi, désormais fondateur de l’école marseillaise Break2Mars. « Tu t’es entraînée à la maison, non ? », lance-t-il à l’une de ses élèves qui répète un petit enchaînement au fond de la salle. Vêtu d’un bas de jogging gris « l’OM », le breaker marseillais encourage ses élèves, connaissant le moindre détail de leurs chorégraphies. « Cette année, les candidats aux JO vont pouvoir bénéficier d’un accompagnement financier et d’un suivi médical. Ils sont payés pour s’entraîner [NDLR, pour les qualifications aux JO], c’est génial ! », se réjouit-il. Nahim, lui, a commencé le breakdance à l’âge de quinze ans : « On s’entraînait partout. On disposait des cartons sur le sol pour ne pas se faire mal. Mais il nous manquait ce suivi », confie-t-il. Pendant treize ans, Nahim a notamment été l’entraîneur de Carlota Dudek, qui tentera sa chance lors des séries de qualification olympique, de mars à juin 2024, pour espérer pouvoir représenter la France aux JO. « Elle peut aller très loin», lâche-t-il, ému, en balayant sur son portable des photos de la danseuse à ses débuts, qui s’entraînait à Marseille, à seulement quelques kilomètres des Pennes-Mirabeau. Bboy Dany Dan est pour l’instant le seul Français à avoir décroché son ticket pour Paris 2024, après sa victoire lors des Jeux européens de Cracovie cet été.

Marie Teranne

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