LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

Impact des jeux vidéos sur l’environnement : quand le virtuel s’immisce dans notre réalité

Nous passons, en moyenne, une heure par jour à jouer aux jeux vidéo. @JessicaLewisCC

Les jeux vidéo rassemblent, en France, près de 5 millions d’adolescents (10-17 ans). Mais derrière ces divertissements peuvent se cacher des effets nocifs pour la planète, notamment en termes de pollution et de surexploitation des ressources.  

Quel plaisir de rentrer chez soi après une bonne journée à l’école, de s’installer sur son lit et de prendre la manette en main… On se retrouve immergé dans un autre monde, celui généralement que l’on rêve de vivre un jour. 

Mais avant de penser au voyage vers cet univers, il faut d’abord penser au nôtre. Car oui, la planète Terre perd chaque année en espérance de vie. Cette situation est annuellement constatée avec le jour du dépassement, qui représente le jour où la planète a utilisé toutes ses ressources pour l’année. 

Et aussi incroyable que cela puisse paraître, les jeux vidéo et notre consommation de ces derniers, contribuent à cette situation de déclin que connaît notre monde. 

  • Est-ce que produire des jeux vidéo pollue la planète ? 

La réponse est évidemment oui. Mais partons de ce que l’on sait déjà ! Pour réaliser un jeu vidéo physique, il faut des matériaux qui ne sont pas disponibles au supermarché du coin. C’est ce qu’explique Sébastien Genvo, chercheur sur les jeux vidéo pour le CREM (Centre de recherche sur les médiations) et professeur à l’Université de Lorraine. 

“C’est comme pour le téléphone, il faut extraire des matières premières, surtout des minerais rares, pour pouvoir construire les jeux et les consoles. L’industrie du jeu vidéo en est extrêmement dépendante !”

Ces ressources sont exploitées aux quatres coins du monde. L’Afrique reste le continent n°1 pour extraire les minerais rares comme l’or. @HannuIsooja

Ces ressources sont de moins en moins disponibles, compte tenu du fait qu’elles sont rares. Mais ces matériaux rares sont particulièrement toxiques

Par exemple, Ben Abraham, chercheur américain sur le développement durable dans l’industrie du jeu vidéo, souligne que la puce de la PlayStation 4 qui gère presque toutes les fonctions informatiques de la console est composée de 17 éléments différents dont le cadmium, particulièrement toxique.

Ce n’est sans compter que les composants d’un jeu vidéo physique ou d’une console de jeu sont fabriqués en Asie, continent où la main d’œuvre est la moins chère au monde, puis acheminés vers les pays du monde entier. Mais pour reprendre Christophe Galtier (pourquoi l’entraîneur du PSG est là ?), ton jeu ne vient pas en char à voile jusqu’à chez toi ! 

Ce sont plusieurs voyages aériens ou maritimes, extrêmement polluants, qui sont effectués avant que tu puisses pleinement en profiter…

Et le pire se produit quand certains d’entre nous n’ont pas conscience du niveau de pollution que ça génère derrière…

Petit zoom sur…

@CamilleKadoum
  • L’obsolescence programmée, le plus grand ennemi de l’environnement ?

Pour Sébastien Genvo, “les jeux vidéo appellent à une réflexion par rapport à nos habitudes de consommation. L’industrie du jeu vidéo est fondée en grande partie sur les logiques d’obsolescence programmée”

L’obsolescence programmée est “la réduction volontaire de la durée de vie d’un produit afin d’en accélérer le renouvellement, selon la Halte à l’Obsolence Programmée.

L’obsolescence programmée nourrit la surconsommation ainsi que la surproduction. Elle participe à l’accroissement des déchets, l’intensification de la pollution ainsi que l’augmentation du gaspillage des matières premières et d’énergie

Le problème étant que les grandes entreprises d’édition du jeu vidéo utilisent ces techniques pour inciter les consommateurs à se tourner vers les nouveaux jeux ou les nouvelles consoles.

  • Mais aujourd’hui, les jeux vidéo sont dématérialisés. Il y a donc moins de pollution ? 

C’est tout aussi impactant pour la planète, à cause de l’énergie nécessaire aux téléchargements ! Nous sommes près de trois milliards d’utilisateurs dans le monde. Et une étude de l’Université de Yale en 2015 estima “l’empreinte carbone d’un jeu de 8.8 Gigaoctets proposant 232 heures de gameplay à 21,9 kg CO2-eq”

Cela signifie que 21,9 kg de carbone furent émis dans l’atmosphère, les océans et le sol pour chaque personne jouant au jeu. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que la majorité des jeux vidéo les plus vendus, comme GTA, Call Of Duty ou Red Dead Redemption, dépassent les 100 Gigaoctets. Tu te rends compte de l’impact sur la planète ? 

  • Est-ce que les entreprises d’édition du jeu vidéo prennent aujourd’hui conscience de l’aspect environnemental ?

Ce n’est pas l’idée émergente dans le monde du jeu vidéo, mais certains acteurs s’emparent de la question. Par exemple, l’Alliance Playing for the Planet, qui regroupe 32 sociétés dont Sony et Microsoft, ont collectivement pris des engagements forts pour réduire leur impact environnemental : 

  • Réduire leur empreinte carbone en effectuant une transition vers les énergies vertes

  • Compenser leurs émissions de gaz à effet de serre

  • Créer de nouvelles offres de conception et de recyclage pour contrôler les plastiques et les déchets électroniques

Greenwashing ou réelle conscience écologique ? Difficile à dire… Mais quoiqu’il en soit, ce sont des mesures, qui respectées, permettent d’agir comme des acteurs moins pollueurs !

  • Quelles sont les solutions pour être plus éco-responsable ? 

Il existe plusieurs solutions pour être un acteur plus vert, tout en gardant le plaisir de jouer. Car cet article ne te dit pas d’arrêter de jouer, mais d’également penser à l’avenir de la planète. 

Il faut prolonger au maximum possible la durée de vie des consoles. Il est donc préférable d’éviter l’achat des consoles de milieu de génération comme la PS4 Pro ou la Xbox One X, qui ont une courte durée de vie, compte tenu de leur obsolescence. Se tourner vers les consoles d’occasions peut être aussi une bonne idée !

Pour limiter son impact environnemental, on peut également se tourner vers des éditeurs indépendants. En France, il en existe des dizaines comme Ubisoft qui, chaque année, développent des jeux vidéo tout aussi qualitatifs que les trois principaux du marché (Tencent, Sony et Microsoft). C’est comme pour les fruits et les légumes, il vaut mieux acheter local… 

Et pour nous sensibiliser aux questions environnementales et écologiques, il existe des jeux qui nous permettent de prendre conscience de ces enjeux. C’est le cas avec les jeux dits “God Game”, où le personnage central possède le pouvoir d’un Dieu pour impacter la réalité de son monde. Le plus célèbre reste “Populous”, le premier sorti en 1989.

Mais depuis ce genre de jeu, certains éditeurs ont développé des jeux environnementaux. Découvre mon petit top 5 !

“Ce que l’on remarque très fréquemment dans les jeux vidéo, c’est que l’environnement est présenté comme une ressource, à des fins de consommation ou d’exploitation. Des jeux de gestion ou des jeux de rôle traitent ces questions et rendent les utilisateurs plus conscients du monde autour duquel ils sont entourés, explique Edwige Lelièvre, chercheuse au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines.

  • Le cloud gaming, une fausse bonne idée ? 

Le cloud gaming permet de jouer à des jeux vidéo sur différents supports sans que ceux-ci soient à l’origine du traitement graphique. Pour te résumer en quelques mots, c’est le Netflix du jeu vidéo.

Cette technique récente à l’échelle de l’histoire du jeu vidéo, révolutionne notre manière de consommer l’industrie du jeu vidéo. Plus besoin de jeux physiques, tout est disponible dans la base de données de l’éditeur (Sony pour les Playstation et Microsoft pour les Xbox). Du coup, le cloud gaming permettrait, en théorie, de limiter un maximum possible des effets néfastes pour l’environnement.

Mais, le développement du cloud gaming pourrait également augmenter l’accessibilité aux jeux vidéo et donc en augmenter la demande. En augmentant ainsi la demande, la consommation en énergie serait donc elle aussi augmentée et donc les entreprises augmenteraient la construction de data centers, qui sont particulièrement énergivores en eau

Les data-centers sont des lieux où sont gardées toutes les informations concernant un ou plusieurs jeux. @ChristinaMorillo

La solution miracle n’existe pas. Le cloud gaming, comme n’importe quel autre moyen pour jouer aux jeux vidéo, émet une certaine pollution.

  • Que faut-il finalement retenir de tout ça ?

Sur la question environnementale, que nous soyons éditeurs ou consommateurs, nous avons tous notre part de responsabilité. Maintenant, des solutions s’offrent aux deux parties pour faire des efforts pour la planète, mais elles doivent être encore mieux pensées afin de sensibiliser un maximum d’utilisateurs.

Et pour vérifier que tu as tout compris, je te propose de jouer à un petit… quiz !

Camille KADOUM

Auteur·trice

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