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“J’aimerais revenir à deux repas par jour” : face à l’inflation, les étudiants dépendants des distributions alimentaires

Chaque semaine, les distributions viennent en aide à près de 300 étudiants marseillais. Mathilde Duranton

Le gouvernement a confirmé mercredi 1er mars une inflation des prix de l’alimentaire de l’ordre de 10%. Déjà touchés par la hausse des prix, les étudiants peinent à se nourrir correctement. A Marseille, l’association Cop1 aide près de 300 étudiants chaque semaine. 

Jeudi 2 mars, 18h. La distribution alimentaire commence à peine mais la file d’attente devant la Maison de l’Etudiant s’allonge un peu plus le long de la Canebière, dans le centre-ville de Marseille. Fruits et légumes de saison, riz, pâtes, conserves et produits d’hygiène. Chaque semaine, les “Cop1” de l’association étudiante d’aide alimentaire distribuent des denrées à des jeunes en situation de précarité. L’association a été créée à Paris en 2020 pour venir en aide aux étudiants pendant le premier confinement lié à la crise sanitaire. En octobre dernier, l’antenne marseillaise a vu le jour pour s’adresser aux 58 000 étudiants de la ville. 

Depuis leur arrivée à Marseille en octobre, l’association compte une centaine de bénévoles.

En deux heures à peine, 260 étudiants défilent entre les étals de nourriture et repartent avec de quoi se nourrir pendant une semaine minimum. “Entre chaque distribution, nous recevons des messages de détresse de la part d’étudiants qui n’ont pas pu venir ou qui n’ont pas eu le temps de s’inscrire, tant les 260 places partent en une seule heure parfois”, confie Benjamin Flohic, le président de l’association. 

Depuis leur arrivée en octobre, les bénévoles ont vu le nombre de bénéficiaires se multiplier avec l’inflation. “Les jeunes sont directement touchés par la hausse des prix. Au supermarché, ils peuvent de moins en moins acheter ce dont ils ont besoin. Alors souvent on revoit les mêmes têtes en plus des nouveaux”, explique Manon, co-responsable de l’antenne marseillaise.

“J’ai tout le temps faim”

Pour Moumene, Kamala, Célia et Amine, les distributions alimentaires sont un moyen de “tenir bon”. Après avoir payé leurs charges mensuelles liées au loyer et aux transports, tous avouent avoir du mal à se nourrir correctement. Célia est étudiante en deuxième année de licence de gestion : “Après le loyer, l’abonnement au métro et les assurances, il ne me reste que 10 euros par semaine malgré les bourses. Alors je ne mange pas suffisamment et j’ai tout le temps faim. J’aimerais revenir à deux repas par jour”, confie-t-elle. 

Amine, lui, est étudiant étranger en dernière année de licence de commerce international. Il explique n’avoir aucune source de revenu : “J’attends d’avoir un titre de séjour mais cela prend du temps alors je ne gagne pas d’argent. Pour l’instant, je vis sur mes économies mais je ne mange pas toujours à ma faim.” 

Pour répondre à cette détresse, l’Etat a débloqué 10 millions d’euros en novembre dernier à destination des associations d’aide alimentaire aux étudiants. A la cité universitaire de la Timone à Marseille, de nombreux jeunes profitent des repas à 1 euro du Crous pour se nourrir tous les jours.

Audio : « Sans ces repas, ça serait beaucoup plus compliqué »

Être là où il n’y a pas de réponse

Après Paris et Angers, Marseille a été une évidence pour les bénévoles de Cop1. Selon le président de l’association, les repas à 1 euro du Crous et le repas gratuit du jeudi soir mis en place par la Ville ne sont pas suffisants. “A Marseille, nous savions qu’il existait déjà les épiceries solidaires des Agoraé dans plusieurs campus mais cela ne permet pas de tenir sur le long terme. Nous voulions proposer aux étudiants marseillais une situation qui ne soit pas de l’ordre de l’urgence.” 

Malgré son enthousiasme, Benjamin Flohic se montre réaliste : “Si on voulait vraiment aider tout le monde, il faudrait qu’on soit là tous les jours.” Faute de pouvoir distribuer des paniers alimentaires quotidiennement, les bénévoles de l’association sont présents pour les bénéficiaires à travers des stories et des conversations sur les réseaux sociaux pour tenir leur promesse initiale : devenir de vrais “Cop1”.

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Mathilde Duranton

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