LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

Jeanne Added, Capitale

©Julie Le Mest

Elle balade son deuxième et nouvel album, Radiate, aux quatre coins de la France. Jeanne Added, la nouvelle sensation rock-pop française, ouvre la 25e édition de la Fiesta des Suds avec un concert intense et électrique. Rencontre et retour en six lettres sur une une artiste capitale.
Jeanne Added présente un show rôdé et maîtrisé, dont les arrangements live donne de l’épaisseur à ses compositions. © Julie Le Mest

J. Comme jazz. Tout part de là. Dès 7 ans, on lui met un violoncelle dans les mains. À 21, elle rejoint le Conservatoire national supérieur de Paris, avant d’intégrer la Royal Academy of Music de Londres. À 34, après des années passées en tant qu’interprète dans des formations de jazz, elle se lance dans une carrière solo pop-punk-rock-new wave. Rien que ça. « J’ai chanté la musique des autres pendant des années, j’ai choisi de m’en éloigner pour pouvoir écrire ma musique. De ma formation de jazz, je garde de la souplesse. Grâce à elle, j’envisage la musique comme un terrain de jeu. »

E. Comme électro. Pop-punk-rock-cold wave, et depuis peu électro. Son nouvel album, Radiate, a été produit par le duo Maestro, et leur présence s’entend. Une troisième mutation pour la chanteuse qui explore avec succès un nouveau genre. Sur scène, certaines phases instrumentales flirtent avec la techno et détonnent avec les guitares saturées du premier album, Be Sensationnal, qui l’a fait connaître en 2015. La foule s’excite et s’agite sur ces nouveaux rythmes. « Pendant mes concerts, j’ai besoin de voir les gens danser. Si je les vois figés, c’est que quelque chose ne passe pas. » Défi relevé, au moins pour ce soir.

A. Comme apaisée. Radiate est plus lumineux, plus coloré que son prédécesseur. « Le premier album était une nécessité, il était quasi-vital. Il a changé ma vie et aujourd’hui, je n’ai plus envie d’exprimer les mêmes choses. » Un passage à la lumière, perceptible jusque dans l’esthétique des albums.

N. Comme naturelle. Authentique est un mot qu’elle n’aime pas et qui pourtant revient souvent dans ses interviews. On le remplacera alors par naturelle. À 38 ans, elle semble avoir trouvé, grâce à la chanson, la voie(x) pour être elle, simplement : « J’ai dû faire la paix avec moi-même. Faire face à un manque de confiance en moi, comme beaucoup de gens. » Elle ne s’est longtemps pas reconnue dans le sexe qu’on lui a attribué. Alors pour faire face aux injonctions à la féminité, elle a trouvé des solutions. « Des solutions vestimentaires. Des solutions musicales. Je me libère en m’entourant de gens bons. »

La scénographie est sombre et épurée, à l’image de la musique de Jeanne Added. © Julie Le Mest

N. Comme New Wave. Malgré son succès, certains dans la foule ne la connaissent pas. Ce sont les mêmes qui, étonnés, à la fin du concert, relèvent la teinte new wave de son travail. « C’est cool, en fait. Ça nous ramène dans les années 1980 », se réjouit une spectatrice. Difficile de voir clair dans cet épais bouillon de genres et d’influences. Elle évoque Higelin, Nirvana et Jeff Buckley. Et un jour, elle rencontre Prince. « Je suis tombée amoureuse de sa façon de se présenter au monde. Une sorte d’homme-femme bizarre. »

Le public est transporté par la puissance de la voix. Jeanne Added a étudié le chant lyrique pendant des années. © Julie Le Mest

E. Comme énergie. Si elle a l’air plutôt timide, sur scène, c’est une tornade. Elle saute, elle court, elle danse, elle hurle. « C’est un moment où je suis complètement moi, où je disparais. » Ses propos contradictoires prennent sens en live. Elle semble s’armer de l’énergie collective pour la transpirer ensuite. Elle aborde le concert comme un échange. Et malgré les quelque 200 dates données partout en France, la magie semble toujours opérer : « Chaque expérience est différente. C’est comme ça depuis que je suis toute petite. Dès le premier jour, je me suis sentie à ma place sur scène. » Une place depuis laquelle elle irradie.

Lucie De Perthuis

Auteur·trice