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La Réserve des arts, la deuxième vie des décors

Ce bazar organisé, c'est le paradis des artistes. À la Réserve, ils peuvent se fournir en matériaux à moindre coût. L'idée c'est de réutiliser des décors qui ont déjà servi.

Ce bazar organisé, c'est le paradis des artistes. À la Réserve, ils peuvent se fournir en matériaux à moindre coût. L'idée c'est de réutiliser des décors qui ont déjà servi. @Charlotte Laubry

La Réserve des arts mêle écologie et création artistique. L’association évite à de nombreux décors de finir à la poubelle, en les mettant à disposition d’artistes. Pour ces derniers, les matériaux sont une source d’inspiration, tout en leur permettant de créer un nouveau projet à moindre coût. On vous emmène au cœur de ce lieu atypique. 

L’ancien tapis du festival de Cannes, des têtes de chouettes à taille humaine, des poissons en plastique, des maisons de poupées en bois ou encore des tissus de toutes les couleurs… Ces objets en principe destinés à la destruction sont récupérés par la Réserve des arts, qui les met à disposition de ses adhérents.

La Réserve regorge de décors récupérés sur des tournages de film ou dans des entreprises. Au lieu de les jeter, ils sont mis à disposition des adhérents.

Le hangar à quelques pas de l’arrêt de métro Gèze, est une mine d’or pour les artistes. Quand on pousse la porte de l’entrepôt, c’est un véritable bazar organisé, aux airs de caverne d’Alibaba. Le principe est simple : la Réserve des arts récupère les décors des vitrines de magasins, de tournage de films ou de festival, pour les revendre à moindre prix à des artistes. Ces derniers pourront organiser leur projet grâce à ces matériaux qu’ils achètent quatre fois moins chers que neuf, dans un commerce classique.

La Réserve récupère des décors étonnants que les magasins utilisent dans leur vitrine quelques semaines seulement. Sans la Réserve, ces installations seraient directement jetées.

Revalorisation et réemploi de matériaux

C’est en quelque sorte « une déchetterie, mais au lieu de jeter ce qui ne sert plus, nous on le réinjecte sur le marché », résume Jeanne, salariée de l’association depuis deux ans. Les matériaux sont remis en état lorsque cela est nécessaire, lavés, nettoyés, polis… et attendent sagement à la Réserve de (re)trouver preneur. Tous les éléments récupérés n’ont souvent servi qu’une seule fois, pour un tournage ou afin de décorer la vitrine d’un magasin durant les fêtes. S’ils n’étaient pas récupérés par une structure telle que la réserve, ils finiraient directement à la benne. Un gaspillage énorme de matériel, souvent, en très bon état.

Tout le monde peut adhérer à la structure, explique Charlotte, qui fait son service civique à la Réserve depuis deux mois. Ce qui l’a motivé à venir travailler dans cette structure, c’est une prise de conscience à la fin du lycée. « J’adorais les vêtements et j’ai pris conscience de tous les dégâts de la « fast fashion ». Ce concept de « j’achète, j’essaye, j’aime pas, je jette », ce cycle linéaire de production et de consommation me révolte. De là j’ai eu plein d’autres prises de conscience et notamment sur l’absence de régulation des pertes réalisées par les entreprises. C’est pour cette raison que travailler dans un endroit comme celui-ci a beaucoup de sens pour moi », raconte-t-elle en souriant, au milieu d’une rangée de divers décors cartonnés. 

Un lieu d’inspiration 

Le coût de l’adhésion varie de un à 50 euros, selon le statut : étudiant, entreprise, école, intermittent du spectacle, demandeur d’emploi, entreprise… Cette année la Réserve a récolté 98 tonnes de matériaux et a déjà réemployé 31 tonnes. Forte d’un peu plus de 500 adhérents, l’endroit attire car c’est une source d’inspiration pour les artistes, mais aussi en raison de ses prix attractifs.

Gabrielle étudiante aux Beaux-Arts, s’y rend très souvent. Aujourd’hui, elle est venue avec un gros camion et cinq copains pour embarquer plusieurs mètres de planche en bois et de polystyrènes. Au total, elle est ravie d’avoir déboursé seulement 9 € pour ces planches qui lui permettront de monter une scénographie. Plusieurs autres artistes déambulent dans le lieu, sans même acheter, simplement pour rechercher l’inspiration qui leur permettra de réaliser leur futur projet. Jeanne insiste sur l’ambiance particulière et bienveillante qui règne à La Réserve : « De manière très pragmatique, ici c’est un endroit où il y a des gens sympas qui se rencontrent. Il y a une espèce de synergie entre pleins d’acteurs : des artistes, des créateurs, des étudiants qui viennent ici et discutent de leur projet. Il y a un esprit un peu tiers-lieu qui est agréable. » Ce que confirme Charlotte, qui boit son café au soleil, confortablement installée sur les petites tables en bois devant l’entrepôt.

Bonus : immersion sonore au cœur de la Réserve

Le meilleur moyen d’en découvrir plus, c’est quand même de vous y rendre : C’est par ici.

Auteur·trice
Julia Paret

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