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Stéphane Ravier, toujours au Front

Stéphane Ravier (Crédits/AFP/Anne-Christine Poujoulat)

L’actuel sénateur est à nouveau candidat à la mairie de Marseille. Celui qui s’est toujours montré proche des idées de la vieille garde du  Front national se veut optimiste face à  des adversaires plus divisés que jamais.

Un peu à l’étroit dans ce petit restaurant libanais du 5ème, l’ambiance y est chaleureuse. Stéphane Ravier est un habitué. Une blague sur son maquillage, « Pour la photo, ça va ? », et la dernière goutte de café engloutie, l’entretien peut commencer. Il découvre Marseille à 3 ans pour la première fois, lorsque son père fait déménager toute la famille de Gap à la cité de la Maurelette (15ème) pour travailler sur la construction du tunnel du Prado. Quarante-sept ans plus tard, Stéphane Ravier reste un grand amoureux de la cité phocéenne dont « l’immense potentiel est gâché. »

Une ascension rapide

Après une jeunesse sans ombre au tableau, il passe les concours de la fonction publique et travaille dans les postes. Sur conseil de son frère, il ne suivra pas sa passion, l’histoire, une filière sans débouchés intéressants. En parallèle de son travail aux PTT, Stéphane Ravier apprend la politique avec le Front National.  Simple militant au départ, il tracte et affiche pour le parti à la flamme. Au fur et à mesure, le jeune homme assume et affirme ses convictions jusqu’à prendre officiellement sa carte à 22 ans.

L’année 1995 est décisive. À 25 ans seulement il est élu conseiller municipal du 3ème secteur de Marseille.

Depuis, il n’a pas chômé, municipales, régionales, sénatoriales, législatives… Il s’est frotté à toutes les élections, avec souvent plus de défaites que de succès. Mais peu importe, ses scores grimpent à chaque nouveau suffrage ; 8,76% au premier tour des municipales de 2008, il avoisine les 20% aujourd’hui. Preuve qu’il a réussi à légitimer et implanter le FN durablement dans la ville mais aussi dans la région où le parti compte 40 conseillers.

Stéphane Ravier, conquérant lors de son meeting à Marseille, le 6 mars 2020 (Crédits/Rémi Moquillon)

ACDC et Jean-Marie Le Pen, des figures détonnantes

« Sympathique », « drôle », « brut de décoffrage » caractérisent ce fan d’ACDC. Il n’hésite d’ailleurs pas à porter un tee-shirt à l’effigie du groupe sous son costume ou à pousser la chansonnette au début de ses meetings. Ce naturel se retrouve aussi dans ses propos. Sur la liste de Jean-Marie Le Pen aux élections régionales de 2010, Stéphane Ravier n’a jamais caché son admiration pour le vieux loup du FN. D’ailleurs, lors de la scission du parti en 1999, Stéphane Ravier restera fidèle au « numéro un ». En 2014, Ravier s’est fait élire à la mairie du 7ème secteur en s’appuyant sur des thématiques très « Jean-Marie compatible », bien loin du discours apaisé prôné par un RN « dédiabolisé ».

Ainsi, il n’a pas hésité à mener campagne avec des mouvances nationalistes, à soutenir la thèse du grand remplacement, à critiquer le mariage homosexuel ou à stigmatiser les Français d’origine étrangère.

« Retroussez-vous les manches comme les anciennes générations […] arrêtez les trafics, arrêtez les conneries. »

Lors de la crise qui oppose Marine Le Pen et son père en 2015, Stéphane Ravier ne se dresse pas contre la patronne du FN « par sens de la discipline et de la fidélité au parti », valeurs qui lui ont été léguées par Jean-Marie Le Pen. Mais il n’oublie pas, ici et là, de louer le « courage extraordinaire » du patriarche. Pour les municipales de 2020, le ton n’a pas changé quand il compare le voile islamique à « un sac poubelle ».

Une rhétorique qui n’aura pas suffit à le placer en tête lors des municipales du 15 mars.Mais malgré ce score décevant, il mise toujours sur le second tour pour gagner la mairie et réaliser son rêve d’investiture : un concert d’ACDC sur le Vieux-Port.

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