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Réchauffement climatique : La pratique du ski de plus en plus risquée car « le manteau neigeux devient moins stable »

JEFF PACHOUD / AFP

INTERVIEW – Les sports d’hiver deviennent depuis plusieurs années difficiles à exercer dans les Alpes. Depuis 1900, la température s’est élevée de deux degrés, contre un degré en moyenne dans le reste de la France. Jusqu’à quand sera-t-il possible de skier ou d’escalader les pentes du massif ?

  • La hausse des températures fragilise les Alpes françaises. Les glaciers s’effondrent, la neige devient instable et les avalanches sont plus fréquentes.
  • Pour Philippe Bourdeau, chercheur et spécialiste du suivi des activités de montagne, ces fragilités menacent la pratique du ski et de l’alpinisme.

Depuis un peu plus d’un siècle, la superficie de l’ensemble des glaciers alpins a été divisée par deux. Ce phénomène ne semble pas prêt de s’arrêter. D’ici 2100, les Alpes françaises pourraient disparaître. La haute montagne est un des milieux les plus sensibles au réchauffement climatique. Avec le dérèglement des températures, son sol se réchauffe, entrainant des éboulements, des chutes de pierres et des glissements de terrains. Philippe Bourdeau, chercheur à l’Institut de géographie alpine à l’Université Grenoble- Alpes, explique pourquoi exercer une activité sportive dans les Alpes devient difficile. 

Skier ou surfer est-il aujourd’hui plus dangereux ? 

Oui, car les risques d’avalanches sont plus élevés. Quand la température remonte, redescend, et remonte à nouveau, le manteau neigeux devient moins stable et les chutes de neiges sont plus fréquentes. Le problème, c’est qu’il est très difficile de les anticiper. Si la pente est très accrue (plus de 30°), le risque devient plus important. Outre le danger des avalanches, la neige devient beaucoup moins skiable, même pour de très bons skieurs. Du fait de ces conditions très variables, le risque de chute est élevé car la neige est successivement glacée puis fondue.

Ces dangers se limitent essentiellement au hors-piste. Dans les stations, en terme de sécurité, les risques sont assez limités car tout est très contrôlé par les gestionnaires des domaines skiables. Leur principale peur est surtout le manque de neige.

Et pour les alpinistes ?

Beaucoup de paramètres complexifient la pratique de l’alpinisme. Les écroulements rocheux et les chutes de pierres sont plus fréquents. Quand les glaciers fondent, les pentes deviennent plus raides, nécessitant une modification des itinéraires… Les conditions météorologiques sont aussi de plus en plus variables. Les grimpeurs doivent prendre plus de précautions. Le métier de guide évolue alors à grande vitesse.

Comment pratiquer une activité sportive en diminuant ces risques ?

Les bulletins météorologiques et neigeux sont de plus en plus précis et travaillés, pour que les pratiquants aient des informations élaborées. Des cartes des pentes sont également très utilisées, notamment pour repérer les pentes supérieures à 30°. Il y a toujours des risques : même si les avalanches sont parfois déclenchées, elles restent naturelles et même les skieurs peuvent en provoquer accidentellement.

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