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Les LGBTI+ se sentent oubliés de l’élection

La PRIDE Marseille 2021, dans les rues le 3 juillet dernier avec pour mot d'ordre "Toujours trop" Crédits / Laureen Piddiu

À huit semaines du premier tour, la campagne électorale s’accélère. Candidats et candidates défendent leur programme dans tous les médias. Pourtant, les droits LGBTI+ ne semblent pas être une priorité. À Marseille, les personnes concernées et associations fustigent ce manque de considérations et interpellent sur leur revendications. 

« On se sent complètement abandonnés » déplore Nicolas. L’étudiant en école de commerce de 23 ans ne supporte plus de regarder des débats télévisés ou meetings électoraux. Ouvertement homosexuel, le jeune homme ne comprend pas cette situation. « Pas une seule fois, les candidats évoquent nos droits. La semaine dernière j’étais devant une émission de 3h avec Jean Luc Mélenchon sur France 2, et a aucun moment il n’a parlé de personnes LGBTI+ » assène-t-il. Pourtant en France, les LGBTI+ représenteraient 17% de la société.

Une observation partagée par Mélissa. La vendeuse de prêt-à-porter en couple avec une femme depuis quatre ans est lassée par cette élection. « Des agressions il en existe toujours, nous sommes toujours discriminées au travail, l’égalité entre les personnes n’est pas là. Et tant à gauche qu’à droite on ne parle pas de nous : c’est dégueulasse ».

« Ils ne se sentent pas concernés tout simplement »

Pour le nouveau président de la Pride Marseille, Stéphane Bernard, la raison est simple : « Ils ne se sentent pas concernés par ces enjeux. Soit les candidats n’en parlent pas, soit ils sont contres certaines mesures comme Valérie Pécresse sur la Gestation Pour Autrui (GPA). Seule Taubira risque d’évoquer quelques mesures mais ce n’est pas suffisant. »

À 53 ans et bénévole dans d’autres associations LGBTI+ comme SOS Homophobie, Autre Cercle ou encore Le Refuge, Stéphane réalise que pour « se faire entendre il faut faire du bruit ». La Pride se veut apolitique mais s’impose chaque année comme l’événement LGBTI+ par excellence où toute la communauté et ses alliés font valoir leurs revendications.

Lee Ferrero, homme transgenre de 25 ans et membre fondateur de l’association marseillaise Transat, analyse également ce manque d’intérêt « On voit encore ces droits comme des droits de minorités au lieu de les voir sous un prisme de droits humain ». Transat lutte depuis 2018 contre la transphobie, accompagne des personnes trans, non-binaires en questionnement et leurs familles et sensibilise le grand public. 

Avoir accès au droit commun 

« On ne veut surtout pas que nos droits reculent, ils doivent évoluer. Le combat est constant car un droit n’est jamais acquis. » lance Stéphane Bernard. Il incite la jeune génération à lutter car « sans militantisme, rien ne sera fait ». Le bénévole insiste sur l’impact historique de la Pride depuis les émeutes américaines de Stonewall en 1969. Ces manifestations contre une descente de police dans un bar gay, le Stonewall Inn, sont considérées comme la première lutte des personnes gays, lesbiennes, bisexuelles et transgenres. Les personnes LGBTI+ défendent quotidiennement leurs revendications.

Lors de la Pride 2021, la communauté et ses alliés ont défilé pour de nombreuses mesures phares. L’arrêt des thérapies de conversion, mais aussi pour la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les personnes pouvant porter un enfant ou encore pour le don du sang des hommes gays sans délai d’abstinence. En effet, à partir du 16 mars prochain les hommes gays n’auront plus à justifier d’une période d’abstinence sexuelle de 4 mois.  et pour la reconnaissance des personnes transgenres. « Il est hors de question que je puisse encore en 2022 me sentir discriminé dans tous les domaines à cause de mon orientation sexuelle ou mon identité de genre » s’offusque Nicolas. 

« Rendre constitutionnelle l’autodétermination de l’identité de genre »

Dans ce domaine, Lee Ferrero et l’équipe de Transat ont établi une liste de droits à acquérir au plus vite. « Une réforme sur la filiation est essentielle, un homme trans ou une femme trans doit pouvoir reconnaitre son enfant. Concernant la PMA, celle-ci doit être ouverte à toutes les personnes pouvant porter un enfant. » expose-t-il. Le jeune homme poursuit sur la procédure de changement d’état civil qui devrait être ouverte aux mineurs et sur simple déclaration selon Transat. « Les personnes doivent avoir le choix sur leur acte de naissance, carte d’identité de faire figurer ce qu’elles veulent en termes d’identité de genrePour cela il faut rendre constitutionnel l’autodétermination de l’identité de genre. »

Sur le plan médical, Lee évoque également la nécessité de changer de préconisations en termes de protocoles de soin. Actuellement, il y a des préconisations invalidées par la cour de cassation en 2004 qui imposent un suivi psychiatrique de deux ans avec une réunion de concertation pluridisciplinaires qui valide la demande de la personne. « Ces choses là sont contraire au droit de la personne. Il faut donc des procédures de soins dépsychiatrisées et dépathologisées.» explique-t-il. 

Avant le scrutin du 10 avril, les personnes LGBTI+ comptent bien faire entendre leurs revendications auprès des candidats et candidates à la présidentielle pour obtenir l’égalité de droits. 

Auteur·trice
SAMUEL AZEMARD

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