LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

Les livraisons de repas : un nouveau mode de consommation catastrophique pour l’environnement ?

Une livraison Uber Eats effectuée en scooter (Credit : Wikimedia Commons)

Depuis le début de la crise sanitaire, et la fermeture éphémère des restaurants, de nombreux Français se sont tournés vers la livraison de repas (Uber Eats, Deliveroo…). De quoi avoir des conséquences dramatiques sur l’écologie.

“On commande à manger ce midi ?” Cette question, tu l’as forcément entendue de la bouche de tes parents depuis le début de la pandémie de Covid-19 (ou même avant). Tu l’as même sûrement posé toi aussi, voyant tes parents le faire. Ou tu y as même cédé dans un passé proche. Figure toi que ce nouveau mode de consommation est une catastrophe pour l’environnement. 200 millions de repas ont été livrés en France en 2019. En considérant que pour un repas livré (UberEats ou Deliveroo par exemple), trois à quatre emballages sont utilisés, cela représente plus de 600 millions d’emballages à usage unique. C’est un calcul de l’ancienne ministre de la Transition Écologique, Barbara Pompili. 

Cela empire depuis 2020 et la fermeture éphémère des restaurants à cause de la crise sanitaire. Le nombre de commandes a littéralement explosé avec la pandémie. 60% des Français l’ont désormais intégré à leurs habitudes de consommation, contre 40% avant la pandémie mondiale. Tu imagines à quel point c’est polluant et le monde que cela concerne. 

Depuis la crise sanitaire, d’autres applications comme Getir, Cajoo ou encore Gorillas ont vu le jour. Il est maintenant possible de tout se faire livrer : une baguette, du dentifrice ou encore de l’alcool à des heures très tardives. Et ce même quand un commerce à quelques mètres de chez nous le propose. C’est dire si le mode de consommation a totalement évolué.

Des livreurs à vélo… vraiment ?

Pour toi, je suis allé voir si les livreurs roulaient vraiment à vélo, comme l’ont toujours promis les deux grands leaders sur le marché, Deliveroo et Uber Eats. Dans le 20e arrondissement de Paris, boulevard de Charonne, Jason a une livraison UberEats à effectuer dans le 14e arrondissement. Pour lui, le passage au scooter a été obligatoire : “J’ai quasiment triplé mon nombre de courses grâce à mon scooter. Pour un métier précaire comme celui-ci, j’avoue que la question ne s’est pas posée.”

J’ai des convictions écologiques pourtant…

Même constat quelques kilomètres plus loin, rue Saint-Antoine dans le 4e arrondissement parisien, où François a abandonné le vélo depuis quelques mois. “J’ai des convictions écologiques pourtant mais ça passe au second plan, surtout en contexte de crise”, se défend le jeune homme de 28 ans qui travaille chez Deliveroo.

Pourtant le porte-parole de Deliveroo, Damien Steffan, l’assure : sur sa plateforme, les livreurs sont “grosso modo 50% à vélo, 50% à moto”, a t-il affirmé sur Franceinfo, dans une enquête qui a révélé, sur un millier de livraisons analysées à Paris et en proche banlieue, que 81% d’entre elles étaient effectuées avec un scooter thermique. Loin de la promesse de départ, celle d’assurer les livraisons intégralement (ou presque) en vélo. Cette nouvelle façon de se déplacer pour les livreurs est alors une véritable catastrophe pour l’environnement, tu l’imagines bien.

Voici, pour toi, un petit récapitulatif des interdictions qui concernent les produits plastiques à usage unique, qui sont largement au coeur du débat sur les livraisons de repas, en France depuis 2016 !

 

Le plastique à usage unique et les emballages, un vrai fléau

Quelques chiffres pour que tu te rendes vraiment compte : selon une enquête du Conversation, un média qui analyse le marché de livraison en Australie, les menus avec hamburgers seraient les repas à emporter les plus polluants, générant 0,29 kg de CO₂ (sac en papier, boîtes en papier, paille en plastique, gobelet en carton liquide avec couvercle en plastique et porte-gobelet en carton). Un repas thaï correspondrait à, 0,23 kg CO₂, une pizza, 0,20g CO₂, alors qu’un repas indien correspondrait à 0,18 kg de CO₂, et un repas chinois 0,16 kg de CO₂.

La vente à emporter est un vrai fléau à Marseille.

À Marseille, cette explosion des déchets à usage unique s’est faite ressentir au moment de la crise sanitaire. Les poubelles étaient très souvent pleines, surtout quand on connaît le contexte des éboueurs ici (de nombreuses grèves ont lieu chaque année, la ville se retrouvant avec des rues pleines de déchets). Avec les restaurants fermés, les Marseillais ont pris l’habitude de commander et manger dehors, sur des bancs, sur de grandes places ou à la plage. Mais pas l’habitude d’être rigoureux dans leur gestion des déchets. Un constat fait par Christine Juste, adjointe au Maire de Marseille déléguée à l’environnement, à la santé, à la lutte contre les pollutions et à la propreté de l’espace public, qui voit d’un très mauvais oeil l’avènement de ces plateformes de livraison.

“Les gens ont la flemme de remonter de la plage pour jeter leurs déchets. Maintenant, il semble insurmontable de ramener ses déchets. C’est à cause du changement de mode de consommation. Avant vous ne pouviez pas commander McDonalds sur des applications comme Uber Eats”, s’inquiète t-elle. Avant de poursuivre : “La vente à emporter est un vrai fléau à Marseille. Pendant la crise du Covid, c’était ingérable. Comme on pouvait manger que dehors… Vous voyez la taille d’une corbeille ? Un sac McDonald’s dedans et c’est fini, il n’y a plus de place. C’est particulièrement problématique ce nouveau mode de consommation.” Alors des solutions tentent d’être mise en place à Marseille mais aussi dans toute la France.

Si tu veux écouter Christine Juste en parler, c’est par ici, à mon micro !

Des solutions sont prises pour limiter la pollution

En février 2021, dix-neuf acteurs de la livraison de repas, dont UberEats ou encore Deliveroo, ont signé une charte avec le ministère de la Transition écologique, présidée par Barbara Pompili, ancienne ministre. Ils s’engagent entre autres à réduire leurs emballages en plastique. Une avancée qui devrait te ravir.

De nombreux engagements ont été posés, comme l’objectif de 50% des emballages livrés qui soient sans plastique à usage unique d’ici le 1er janvier 2022, puis de 70% au 1er janvier 2023. L’autre promesse est la fin de la livraison systématique de couverts et de sauces dès le 1er mars 2021, ainsi que le lancement de 12 expérimentations pour réemployer les contenants pour plats, avec notamment des dispositifs de consigne. La charte fixe aussi un objectif de 100% d’emballages recyclables au 1er janvier 2022. Un objectif réalisable ? Rien n’est moins sûr mais l’agence de la transition écologique promet de surveiller.

«Un comité de suivi se réunira régulièrement et une communication sur l’avancement des engagements sera réalisée tous les six mois. Le ministère animera la démarche et accompagnera les expérimentations de réemploi menées par les acteurs de la restauration livrée, avec l’appui de l’Ademe», avait t-elle détaillé dans un communiqué. Et toi, tu y crois ? Six mois après la signature de la charte, le bilan est encore à désirer selon le Ministère de la Transition écologique : « Si certains engagements sont bien avancés, qu’il s’agisse de la fin de la mise à disposition des couverts et des sauces de manière automatique ou de la fin de l’utilisation des sacs en plastique à usage unique pour les restaurants virtuels, des efforts significatifs restent à fournir afin de tenir les engagements souscrits » ont-il signalé dans un premier bilan disponible ici.

Et si on terminait par un petit quizz récapitulatif ? Pour voir si tu as vraiment compris les enjeux de cet article.

Lucas Morlier

Auteur·trice
Lucas Morlier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *