LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

[LES P’TITES MAINS DU FESTIVAL] « On m’appelle Dame Pipi »

La bière va couler à flots durant la Fiesta et un lieu va prendre une place centrale pour les festivaliers : les toilettes. Angélique, bénévole, est la gardienne des lieux.
Angélique est la « Dame Pipi » de cette Fiesta 2018. © Raphaëlle Denis

Une longue file indienne s’est formée devant le bureau d’Angélique, bénévole de l’association Latinissimo. Pourtant, elle n’est ni au bar, ni à l’entrée de la Fiesta. Cette année, Angélique va passer son festival devant les toilettes mis à la disposition de tous. Un cadeau empoisonné pour celle qui donne de son temps bénévolement depuis trois ans pour le festival. « Ce n’est pas là que l’on va rencontrer le prince charmant, mais au moins, on voit l’évolution des gens tout au long de la soirée », plaisante la jeune femme. Il faut bien trouver quelque chose de positif pour celle qui se fait surnommer « Dame Pipi » par ses amis et quelques autres collègues. « Je ne suis pas ravie, mais ça ne me déplaît pas non plus. C’est ça aussi, la fiesta », ajoute-t-elle. Son talkie-walkie s’allume : son responsable demande de l’aide pour du nettoyage.

Il y a des lourdauds qui racontent leurs misères de la vie, ceux qui ont du mal à viser le trou, ceux qui restent coincés ou ceux qui entrent à trois ou quatre dans une cabine …

Angélique se prépare pour trois jours devant les cabines de chantier installées pour l’occasion. Elle explique qu’elle doit « s’occuper de la fluidité de la foule qui attend, jusqu’à deux heures du matin à la fermeture du festival ». Heureusement qu’Anissa, une autre bénévole, se tient juste à côté pour lui apporter un coup de main en cas de besoin. Passer sa soirée à surveiller les toilettes, « ce n’est pas le bon plan », lance Angélique devant une cinquantaine de personnes qui attendent leur tour. Son poste lui impose quelques visites saugrenues. « Il y a des lourdauds qui racontent leurs misères de la vie, ceux qui ont du mal à viser le trou, ceux qui restent coincés ou ceux qui entrent à trois ou quatre dans une cabine… Ils sont souvent très alcoolisés. » De manière générale, « c’est tranquille jusqu’à la fin de soirée où là, ça devient plus compliqué », ajoute-t-elle.

« On doit nettoyer les toilettes en fin de soirée, les trois jours… »

C’est presque pire quand les derniers festivaliers sont partis. « Sur trois jours, à chaque fermeture, on doit nettoyer les toilettes… Totale ambiance ! », lâche-t-elle avec ironie. L’organisation a pourtant pensé à sa « Dame Pipi » : l’équipe de nettoyage du festival refait un passage derrière elle pour désinfecter, même si Angélique doit faire le gros du travail. « La fin de soirée est souvent animée et heureusement que certains n’ont pas le temps d’arriver jusqu’aux toilettes car on doit forcément nettoyer », continue Angélique qui n’ose pas imaginer l’état des cabines de chantier dans quelques heures…

Les toilettes de la Fiesta sont gratuits. Mais pour soutenir Angélique dans son travail, cette dernière a mis en place une petite boîte à pourboire avec l’inscription « Service, merci » disposée sur le bureau à l’entrée de la zone. Les « bonsoirs » et les « mercis » sont aussi les bienvenus. A votre bon cœur !

Bastien Thomas

Auteur·trice