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L’oeil de l’Experte: Aurore Malet Karas « Nous sommes très inquiets sur les impacts psychologiques des confinements. »

Crédit-Aurore Malet Karas

Docteure en neurosciences, la sexologue Aurore Malet Karas dresse un bilan alarmant sur la crise sanitaire. Pour elle, la pandémie et les mesures sanitaires associées ont et auront des conséquences dramatiques sur les relations de couple comme sur le célibat.

Avez-vous constaté une augmentation de patients due à la Covid-19 ?

Il y a eu une augmentation. Mais c’est surtout des personnes qui sont arrivées avec des choses plus graves, plus sérieuses et des demandes en urgence. J’ai plusieurs cas de personnes qui ne pouvaient plus attendre pour avoir un rendez-vous. Lorsque j’étais indisponible, ils prenaient quand même rendez-vous avec n’importe quel autre psychologue sur Internet. La cause de ces urgences est vraiment le confinement et ils l’expriment tous de manière très claire.

À contrario, des couples ont-ils trouvé ces confinements bénéfiques ?

De manière générale quand ils vont bien, ils ne viennent pas consulter. Mais nous le savons. Dès qu’il y a des crises on va avoir des extrêmes qui vont se creuser. Un couple solide où tout va bien, va aller encore mieux. Mais évidemment cela fonctionne dans l’autre sens avec plus de violence, plus d’impatience « Ce qui m’agaçait avant, maintenant je ne le supporte plus ».

En tant que thérapeute, qu’est-ce que vous conseillez, existe-il une méthode miracle ?

C’est vraiment du cas par cas. Il y a des personnes sur lesquelles il va falloir prendre des vacances chacun de son côté pour apaiser la tension. Pour certaines personnes une telle crise peut réveiller des difficultés, des traumas, une peur de l’abandon donc mon travail est de les accompagner individuellement.

Pensez-vous que les confinements ont eu un impact négatif sur les relations amoureuses, sociales et sexuelles ?

Avec mes collègues nous sommes très inquiets sur les impacts psychologiques des confinements et des mesures sanitaires. Il y a des impacts très négatifs sur la santé mentale. Nous savons aussi que pour les célibataires c’est très néfaste. Il n’y a plus d’occasions de rencontrer du monde de manière naturelle. Les célibataires sont obligés de passer par des sites de rencontre.. Ces premières rencontres ne se font pas dans des conditions saines. J’ai des patients qui me disent que c’est très compliqué car c’est se mettre en danger d’inviter un inconnu chez soi.

Les célibataires continuent-ils à se rencontrer ?

Les célibataires bravent cette peur et ces interdits car ils ne veulent pas s’arrêter de vivre. Le besoin d’être en couple ou d’avoir des relations sexuelles est très fort. Je sais que dans quelques années des personnes vont m’appeler pour m’évoquer les violences subies. Il y en a déjà eu. Cela m’inquiète énormément.


Vous parlez de violences subies, de quel type sont-elles ?

Des violences à la fois psychologiques et physiques. – Dans une enquête, la Fédération nationale Solidarité Femmes montre que près d’une femme sur dix déclare avoir été victimes de violences conjugales pendant le premier confinement. Pour un tiers d’entre elles, ces violences ont d’ailleurs commencé pendant cette période -.

Plus généralement, la sexualité et les relations amoureuses post-covid seront-elles différentes ?

Non, il ne faut pas extrapoler. Les rencontres peut-être car là où avant les sites de rencontres étaient potentiellement tabous, maintenant le sujet se démocratise. Les modalités de rencontres vont donc évoluer, mais on reste des êtres humains soumis à la même biologie, les codes sociaux n’ont pas changé. C’est plus l’utilisation des outils numériques qui est devenue incontournable.

Crédit-Aurore Malet Karas

 Propos recueillis par Samuel AZEMARD.

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