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Maires de France : quel(s) profil(s) ?

Photo par Narcis Ciocan de Pixabay

Quand on s’imagine un maire, nous vient l’image d’un vieil homme blanc aux cheveux gris, agriculteur ou retraité. On l’imagine proche de ses administrés et installé depuis longtemps à son poste. Si cette description n’est pas si éloignée de la réalité, la fonction de maire s’avère pourtant plus diverse que l’on ne le croit. 

A l’approche des municipales de 2020, se multiplient les études et enquêtes sur le profil social du maire. Retraité, homme, femme, agriculteur, cadre, professionnel de la politique, jeune, vieux… le maire français a de multiples visages, malgré une certaine uniformisation de son profil, dû à sa place particulière d’élu ultra-local.

Mauvais élèves de la diversité sociale

« Chez les maires on retrouve une image assez fidèle des stratifications de la société française, pas énormément de jeunes, moins de femmes que d’hommes, pas beaucoup des gens issus des différentes migrations… » explique Bruno Cautrès, politologue à Science Po Paris et chercheur au CNRS. Le vieil homme blanc que l’on imagine au poste de maire est donc un profil très fréquent chez les maires. Pour les personnes issues d’une immigration de première génération, elles représentent seulement 2,2% des maires en 2019, selon une enquête menée par le Cevipof

Si seulement 16,9% des maires sont des femmes, elles sont 40% de femmes conseillères municipales, même si elles n’occupent que très peu les postes de première ou deuxième adjointe. Cette main mise des hommes sur les mairies entraîne parfois un climat de machisme dans la politique locale.

Une forte diversité socio-professionnelle

Plus que les députés ou les sénateurs, les maires sont issus de toutes les catégories socio-professionnelles, malgré une forte représentation des agriculteurs et retraités de l’agriculture. Cette sur-représentation s’explique par le grand nombre de communes rurales en France. « Il n’y a quasiment aucun député ouvrier ou agriculteur, chez les maires il y en a. C’est lié au fait qu’il y a des petites communes, et à la proximité du maire également. (…) Donc on retrouve une diversité sociologique beaucoup plus grande que chez les élus nationaux » nuance Bruno Cautrès. 

La part des retraités est aussi très grande, avec 40,5% de maires à la retraite. Un chiffre peu étonnant puisque la moyenne d’âge des maires est de 62 ans. Bruno Cautrès explique cette prépondérance des retraités par « la disponibilité et le fait qu’il est très difficile de gagner sa vie avec la fonction de maire hors des grandes villes. (…) Donc forcément on va avoir des seniors qui peuvent se dévouer à leur tâche de maire tout en ayant leur pension de retraite et pas d’activité professionnelle. » En effet, le salaire maximum d’un maire étant fixé à partir d’une grille définie par l’Etat, les maires de petites communes sont fortement pénalisés, la plupart d’entre eux ne touchent même pas le SMIC. 

« La figure du maire émerge dans un océan de défiance politique »

Selon Bruno Cautrès, la principale caractéristique du maire est son capital social. « Le maire est connecté aux autres, il a un réseau d’inter-connaissances. C’est une personnalité, dont le métier l’a amené a être connu ou dont le métier lui donne la légitimité pour dire “je connais les problèmes du coin”. Souvent c’est quelqu’un qui a été dans des associations. » Une personnalité locale donc, qui amène une autre dimension indispensable dans la fonction de maire : la proximité. 

« Le seul élu local dont les français peuvent citer le nom, la plupart du temps c’est le maire. » Une figure connue des citoyens, qu’ils peuvent interpeller sur le marché. « Le maire s’occupe de la gestion des problèmes concrets. (…) Si un maire s’engage sur quelque chose on peut le voir physiquement pendant le temps de son mandat » 

Le maire attire donc grandement la sympathie des électeurs, par sa proximité d’abord, son engagement au niveau au local, mais aussi car il n’est souvent pas un professionnel de la politique. « Beaucoup de maires de petites communes apprennent la politique non pas sur les bancs de Science Po mais en étant confrontés directement aux problèmes de ramassage des ordures et de propreté des trottoirs » détaille le politologueTant de facteurs qui font du maire la personnalité politique préférée des Français. « Seule la figure du maire arrive à émerger dans un océan de défiance politique. »

Proximitélien social et diversité socio-professionnelle, les maires pourraient être les garants d’une démocratie française en déclin. 

Marie ALLENOU

Auteur·trice