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Marseille : des résidents misent sur les poules et l’autogestion pour faire baisser les charges

Les œufs, revendus 50 centimes l'unité, permettent de financer l'entretien du poulailler.

Dans le 14e arrondissement de Marseille, les habitants du quartier Sainte-Marthe réalisent eux-mêmes les travaux d’entretien et d’embellissement de leur résidence. Depuis 2011, ils sont membres de l’association « Les Bénévoles du Panorama »,  fondée par Béatrice Cressiot. Ici les projets fleurissent et les charges n’ont jamais été aussi basses.

On pourrait s’y méprendre. Au premier abord, la chose ressemble à une cage, énorme masse grillagée sur un terrain ravagé par la sécheresse cet été. Mais en poussant la porte de l’enclos, on y découvre une maisonnette en bois, un logis à l’abri du vent pour quatre pensionnaires à plumes. Ces « filles » comme les appelle Béatrice, donnent des œufs journaliers aux résidents du quartier et surtout, une occupation pour les enfants de Sainte-Marthe. Le poulailler est la dernière trouvaille des Bénévoles du Panorama. « On voulait que les résidents aillent plus souvent dans le parc », explique Béatrice. C’est désormais chose faite. En quittant le terrain, on peut apercevoir des sacs accrochés au grillage « les restes donnés aux poules ». Ici, chacun participe comme il le peut. Certains donnent de leur temps au sein de l’association quand d’autres préfèrent offrir épluchures et sachets de riz aux volatiles.

Des poules pour la propreté

Mais ce ne sont pas les œufs des poules, revendus 50 centimes l’unité, qui ont permis de générer plusieurs milliers d’euros, et en faire économiser tout autant aux propriétaires de Sainte-Marthe. Ces recettes permettent au poulailler de s’autogérer « en vendant des oeufs bio, de poules élevées en plein air plutôt que des œufs achetés en supermarché ». Le concept a surtout permis d’assainir le quartier en réduisant le nombre de déchets dans les poubelles.

Afin de faire réaliser des économies aux habitants, d’autres astuces ont été trouvées. « Tout ce qu’on peut faire nous, on le fait. Des travaux de réparation, de plomberie, de jardinage ou de peinture par exemple. Ça évite d’avoir recours à des prestataires. Aujourd’hui, les propriétaires paient moins de charges que ce qu’ils payaient il y a dix ans, quand la résidence a été construite ». Elle compte désormais 55 appartements et plus d’une centaine de bénévoles dans l’association dédiée à ce quartier. « Tous les résidents sont membres » explique la fondatrice, devenue trésorière de l’association. Lorsque des travaux sont à réaliser, les bénévoles inscrivent le jour et les heures effectuées dans un tableau excel. Leur travail est ensuite facturé au syndic cinq euros de l’heure.

Plus de 1000 euros d’économies sur le jardinage, 1800 sur les peintures…

L’argent gagné des heures travaillées est réinvesti dans des produits d’entretien, de l’engrais ou du matériel. Les Bénévoles du Panorama ont déjà acheté une tondeuse, une débroussailleuse et une déchiqueteuse arrivée l’année dernière. « On l’utilise surtout pour le poulailler. Ça permet de broyer les branches et de faire nous-même les copeaux et la litière des poules ». Si les bénévoles réalisent surtout des remplacements d’ampoules ou des travaux de plomberie, ils viennent aussi de refaire le crépi du muret, repeindre le portail et les rambardes d’escaliers. « On a fait faire un devis à une société qui nous demandait 3000 euros. Nous on l’a fait un samedi en quelques heures pour un peu plus de 1200 euros » s’enthousiasme Béatrice. D’importantes économies ont aussi été faîtes sur les charges de jardinage qui représentaient « entre 2500 et 3000 euros par an avant la création de l’association. Aujourd’hui les résidents payent moins de 1500 euros ».

L’association s’est aussi permis quelques fantaisies afin d’améliorer leur confort de vie. « On a créé des jardinières et nous avons installé des lampes au-dessus des portes d’entrées. Depuis, on perd moins nos clefs et on arrive mieux à viser la serrure », lâche Béatrice en riant. Et les projets à venir sont encore nombreux. « L’année prochaine, nous avons prévu d’organiser une grande chasse à l’œuf « , explique la fondatrice. Une idée directement inspirée du poulailler, qui pourrait lui-même fournir les œufs dissipés ça et là sur 500m2 de terrain, avant d’être chipés par les enfants de Sainte-Marthe.

Johanne Eva Desvages

Les Bénévoles du Panorama réalisent eux-mêmes la majorité des travaux de leur résidence, économisant ainsi plusieurs milliers d'euros de charges annuelles.
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