LE 13 INFORMÉ

Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

Vibrations Parallèles

COPYRIGHT / KOMM'N'ACT

Du 24 au 29 janvier dernier, le Festival Parallèle a fait battre le cœur culturel de la cité phocéenne. Organisé par la structure d’accompagnement artistique KOMM’N’ACT, le festival met en valeur de jeunes artistes aux partis pris audacieux. Théâtre, danse, art visuel… Le public était au rendez-vous pour cette 7e édition. Retour sur quelques-unes des performances les plus marquantes de la semaine.


A Kind of Fierce – Katerina Andreou

Sans un bruit, Katerina Andreou arrive sur la scène du Théâtre du Gymnase après avoir traversé un théâtre volontairement vide. Toujours sans un bruit, la jeune femme commence à danser. Son regard est habité. Tout l’espace scénique lui appartient, rien d’autre ne compte. Un micro pend au milieu de la scène. C’est quand elle s’en approche et que la musique commence à retentir, après vingt minutes d’errance, que sa danse devient féroce. Quarante-cinq minutes sans temps mort qui s’achèvent sur un final sublime et une interrogation : le « libre arbitre » n’est-il qu’une illusion ?

A Kind of Fierce est la première pièce créée par Katerina Andreou. La performance de la danseuse d’origine grecque illustre parfaitement le thème de l’édition 2017 du Festival, « la vibration des marges ». Un spectacle d’ouverture aussi beau qu’explosif qui a laissé les spectateurs sans voix.

A KIND OF FIERCE – extrait- from Katerina Andreou on Vimeo.


Apologies 4&5 – VASISTAS theatre group (Argyro Chioti)

Voir une pièce de théâtre en langue étrangère, c’est déjà une expérience assez rare en France… Alors imaginez que cette langue soit le grec ! Il y a de quoi désappointer les spectateurs. Pourtant avec cette pièce poétique à la dimension quasi mystique, le metteur en scène Argyro Chioti nous entraîne dans son univers. Un cœur de femme, entre vestales et amazones, à la fois objet de tentation et de catharsis, rythme la pièce. Dans le théâtre des Bernardines leurs voix résonnent et touchent le spectateur au cœur. De l’autre côté de la scène, partagée en deux pour l’occasion, trois acteurs déclament leur texte tel une prière, traduit pour les non-hellénistes sur un grand panneau derrière eux ; une sorte de procès de l’intime au langage concentré et fantasmagorique. Un spectacle irréel jusqu’à qu’un chien déboule par surprise sur scène, irruption du réel.

« Si nager procure du plaisir, que je ne plonge plus jamais dans des eaux bleues et claires.  /   Si je dors tranquille la nuit, que mon oreiller soit de pierre et mon drap de fer.  /   Je serai sincère.  /   Si je ne suis pas sincère ce soir je ne suis pas digne de me présenter devant vous ce soir. »

La compagnie Vasistas fait partie des artistes accompagnés par Komm’n’Act. Peu de moyens techniques, une chorégraphie musicale sur un texte non-linéaire, c’est le créneau de ce groupe atypique qui travaille entre Athènes et Marseille. C’est la troisième pièce que la compagnie présente au Festival Parallèle.

Copyright / VASISTAS GROUP
Copyright / VASISTAS GROUP

King Kong Théorie – Emilie Charriot

Deux femmes seules sur la scène. Aucun décor, aucun artifice. Il n’y a que le texte qu’elles déclament qui compte, accompagné d’un jeu de lumière parfaitement pensé. Adapter sur scène le fameux essai féministe de Virginie Despentes n’était pas chose aisée. Le texte est fort, agressif, mais la mise en scène minimaliste d’Emilie Charriot évite les écueils. Ce n’est plus un appel aux armes mais un sujet de réflexion. Le verbe est cru, Virginie Despentes relate notamment son viol et ses conséquences, théorisant sur son vécu. La version d’Emilie Charriot, dont c’est le premier spectacle, met en avant l’universalité du texte de l’écrivain polémique. A la sortie de la salle les discussions vont bon train. Personne n’est resté de marbre, hommes comme femmes. La pièce la plus sujette aux débats de la semaine.

EmilieCharriot_KingKingTheorie_141031_096_© Philippe Weissbrodt
Copyright / Philippe Weissbrodt

Higher, de Michele Rizzo

Le temps d’une performance, la scène du Théâtre du Merlan a pris des allures de clubbing. Un club étrange, envoûtant, à la musique redondante. Pendant une première partie du spectacle, seule les spots de lumière dansent face au spectateur. Puis un danseur arrive. Tête baissé, mouvements désarticulés, il se déplace au rythme de la musique. La ligne musicale signée Lorenzo Senni ne bougera plus. Deux autres danseurs le rejoignent. Peu à peu les trois hommes se synchronisent. Mais jamais ils ne se laisseront emporter dans leur délire. Tels des robots, des zombies, ils obéissent au rythme, toujours le même…

HIGHER from michele rizzo on Vimeo.

Performance musicale, visuelle et chorégraphique, l’œuvre de Michele Rizzo interpelle. Sur les quatre spectacles dont nous avons parlé, c’est celui qui aura le plus dérouté les spectateurs. Cette « célébration de l’existence » conclu parfaitement le festival le plus atypique de Marseille. Un Festival en marge de la culture traditionnelle qui nous fera de nouveau vibrer l’hiver prochain.

Pour en savoir plus : http://www.komm-n-act.com/

Alicia ARPAIA (@Lilii_Arp)

Auteur·trice