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Menace terroriste et reconfinement : « Le moral est au plus bas », alertent policiers et gendarmes

Crédits photo: Mathias P.R. Reding/Pexels

SOCIETE – Depuis quelques jours les Françaises et les Français sont à nouveau confinés. Le pays a aussi connu deux attentats en moins de deux semaines. De quoi donner du travail supplémentaire aux policiers et aux gendarmes, déjà fortement mobilisés depuis le début de la crise sanitaire. Entre épuisement et inquiétude, dans quel état d’esprit se trouvent les forces de l’ordre ?

  • Alors qu’un nouveau confinement commence, les policiers sont exténués et inquiets pour les prochaines semaines.
  • Les syndicats pointent un risque de la baisse de qualité des services rendus par les forces de l’ordre liée à leur épuisement.
  • Ils réclament plus d’effectifs pour pouvoir mener leurs missions à bien.

« Ces élèves seront exclus ». Cette phrase prononcée ce lundi par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, fait suite à une soirée « clandestine » organisée par des élèves de l’école de police de Nîmes dimanche soir, en plein confinement.

Même si les circonstances exactes de la fête et les conditions dans lesquelles sifflets et insultes ont été proférés ne sont pas encore connues, plusieurs voix au sein de la hiérarchie policière se sont élevées, pour défendre les étudiants sur qui repose une « forte pression » et qui ont parfois « besoin de se changer les idées. ».

Des forces de l’ordre en première ligne

Les policiers et gendarmes déjà diplômés veulent eux aussi souffler. En mars, ils étaient en première ligne pour s’assurer du strict respect du confinement et des règles sanitaires. Après les attentats de Conflans-Sainte-Honorine et de Nice, ils doivent cette fois aussi gérer le rehaussement du plan Vigipirate à son plus haut niveau « Urgence attentat », qui implique entre autres, un renfort des patrouilles de terrain, notamment aux abords des écoles et des lieux de culte.

« Le moral au sein de mon service est au plus bas, soupire Barry*, policier dans la région toulousaine. Le confinement s’est ajouté aux problèmes que nous subissons depuis maintenant de nombreuses années et la menace terroriste, elle, ne s’est jamais vraiment arrêtée depuis les attentats contre Charlie. » Il pense aux semaines à venir avec inquiétude et explique que dans son commissariat la règle est de venir travailler même si « l’on est cas contact ou si l’on ne se sent pas bien », contrairement au premier confinement.

Les syndicats s’inquiètent pour le moral des agents

Une appréhension partagée par Léa*, CRS près de Lille : « Nous avons de nombreux gestes barrières à effectuer en permanence pour se protéger et protéger les autres. Mais le plus dur c’est que nous devons aussi faire preuve de pédagogie pour expliquer aux gens que toutes ces mesures sont pour leur bien. » Mais ce double front Covid/Attentat n’inquiète pas plus sa compagnie que ça : « Nous avons l’expérience du premier confinement. Et ces évènements tragiques nous ont tous un peu plus soudés. L’ambiance reste bonne. »

Plus critique, le syndicat majoritaire Alliance Police évoque un « moral fluctuant ». Le confinement apporte un travail supplémentaire « surtout pour les collègues de soirée, avec les festivités et les réunions qui peuvent parfois avoir lieu », détaille Ingrid Lavigne, adjointe auprès d’Alliance Police Gironde. Elle fait état aussi d’une montée de la petite délinquance « notamment à Bordeaux intra-muros » et craint des débordements.

Un manque de moyens humains évident

Jérôme Moisant, membre d’Unité-SGP-FO, l’autre grand syndicat des forces de l’ordre, ne croit pas les promesses du Premier ministre, qui a annoncé un doublement de la présence policière. « Nous n’avons pas de policiers qui attendent dans un placard pour travailler. Du coup nous faisons travailler des policiers qui sont sur d’autres missions, qui sont en repos ou en pause… Et tout ça forcément a un impact sur les agents et la qualité des services rendus », déplore le syndicaliste.

« En étant plus nombreux on pourrait effectuer plus de rotations, constituer des groupes plus fournis, sans ça la marge d’intervention reste réduite », constate Léa. « Et des collègues mieux formés. La police d’aujourd’hui est au rabais, elle ne coûte pas cher et elle est formée rapidement. », rajoute Barry. Les policiers seront-ils entendus ? Chez Unité-SGP-FO, on assure que le ministère de l’Intérieur est « à l’écoute depuis l’arrivée de Gérald Darmanin ».

*Les prénoms ont été modifiés.

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