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[Portrait] Audrey Berr, les clés de la réussite

Audrey Berr à son poste de la conciergerie de l'Intercontinental à Marseille. © Mathieu Péquignot 2017

Ce mercredi 8 mars, c’est la journée internationale des droits de la femme. A cette occasion Audrey Berr, cheffe concierge de l’Intercontinental de Marseille, revient sur son parcours, celui d’une femme dont la précision au travail confine au perfectionnisme. Entrée fin février à la prestigieuse association des Clés d’or qui récompense les cadors de la profession, elle fait partie des 10% de femmes seulement que compte l’institution.

Dans le staff, on la surnomme « la Diva ». Enserrée dans un chic complet sombre, Audrey Berr sort sa montre à gousset suspendue à une petite chaînette en or.  Ce raffinement est une condition nécessaire pour être cheffe concierge au très sélect Intercontinental de Marseille (5*), dans le quartier du Panier, dont Audrey Berr doit connaître les habitudes des riches clients dans les moindres détails :

« Le but c’est de satisfaire tous les désirs de nos clients. Pour un habitué, je vais par exemple savoir quelle marque de whisky il préfère. Et si sa délicieuse épouse l’accompagne à un dîner de gala, je dois pouvoir lui choisir  trois robes qu’elle trouvera dans la penderie  en arrivant. »

Audrey Berr a un parcours atypique. Lorsqu’elle a décroché son poste à 33 ans, en 2013, elle était parmi les plus jeunes cheffes concierges de France. Et tout ça, sans avoir suivit le cursus traditionnel : « J’ai d’abord été hôtesse de l’air. J’ai vécu quatre ans au Japon, une expérience très, très enrichissante. J’avais cette curiosité pour les autres cultures, et le goût du voyage. C’est quelque chose de très important dans le métier de concierge, la curiosité. »

Et en plus de sa maîtrise des langues étrangères, elle en parle trois dont le japonais, il faut aussi une certaine dose de psychologie et de discrétion pour faire ce métier : « Nos clients réguliers, on voit leurs enfants grandir… on les connaît intimement. Ils nous confient leurs soucis, des choses très personnelles. »

Audrey Berr
Audrey Berr dans le hall de l’Intercontinental © Mathieu Péquignot 2017

L’association internationale des clés d’or, où elle a été admise en février, regroupe les plus grands de la conciergerie de luxe. Créée en France en 1929, elle fonctionne comme un club auquel il faut d’abord postuler avant d’être accepté. Si elle s’est lentement ouverte aux femmes dans les dernières décennies, initialement, raconte Audrey Berr, l’institution ne comptait que des hommes :

« Traditionnellement, le métier de concierge est un métier d’hommes. Cela s’explique par le fait que les voituriers, bagagistes et concierges ne faisaient qu’une profession. Et ce n’était pas un métier de « dame » que de porter les valises ou garer les voitures. »

Aux clés d’or, sur environ 500 adhérents seulement 50 sont des femmes (soit 10 %). Et encore, parmi elles, seulement 10 sont cheffes concierges.  « On est encore trop peu nombreuses, concède Audrey Berr, mais depuis quelques dizaines d’année les choses sont en train de s’ouvrir. »

La carrière d’Audrey Berr promet d’avoir encore de beaux jours devant elle. Mais pour l’instant, elle ne se verrait pas quitter l’Intercontinental et la ville de Marseille, qui accueille sa famille depuis six générations.

Mathieu Péquignot @mathieupeq

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