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#SciencesPorcs : la parole se libère

Sciences Po Paris n'échappe pas au hashtag #SciencesPorcs. Photo Laura Laplaud

Depuis quelques semaines maintenant, les témoignages d’agressions sexuelles se multiplient un peu partout en France au sein des Instituts d’études politiques plus communément appelés Sciences Po. Des récits rapportés par des dizaines d’étudiantes sur les réseaux sociaux derrière le hashtag #SciencesPorcs. 

Une enquête préliminaire ouverte pour viol à Toulouse, deux agressions sexuelles à Grenoble, un signalement fait à la justice à Strasbourg : dans plusieurs IEP de France, ces révélations choquent et mettent aussi en lumière l’omerta qui règne au sein de ces institutions depuis des années.

Tout le monde le sait mais personne ne dit rien. À Sciences Po Paris, la culture du viol serait omniprésente et cela depuis des années. Après #Metoo et #balancetonporc, c’est au tour des IEP de subir une déferlante de témoignages. Désormais, il n’est plus question de se taire. Les étudiantes n’hésitent plus à dénoncer ces actes.

Sous couvert d’anonymat, cette étudiante raconte ce qu’elle a vécu il y a eux ans avec un autre étudiant lors de sa première année à l’école.

Il a essayé de me faire boire, il a essayé à plusieurs reprises de m’amener chez lui. À un moment pendant la soirée, il a commencé à me toucher… Je n’ai pas réussi à lui dire « je ne veux pas », j’étais juste sidérée et quand vous êtes sidéré, on n’arrive plus à bouger, confie-t-elle.

Des dérives qui ne datent pas d’hier

La jeune femme a préféré se taire. Lauriane a été agressée il y a 12 ans lorsqu’elle était en première année. Les agressions au sein de l’institution sont banalisées par le sexisme ambiant, selon elle, et quand elle y repense, cela la « dégoûte. »

Je chantais moi-même des chants qui disaient « les parisiennes sont toutes des chiennes du 7e » et c’était censé être drôle. J’ai passé des soirées où des mecs m’appelaient par ma taille supposée de soutien-gorge, et moi ça me mettait mal à l’aise mais bon c’est l’ambiance, c’est comme ça, se désole Lauriane.

Une ambiance malsaine mais aussi le silence des étudiants et des dirigeants de l’établissement sont pointés du doigt par Fanny Aulnier, vice-présidente de l’association Chafia, qui lutte contre les violences faites aux femmes. 

Si on sait que quelqu’un est un violeur, c’est assez compliqué de le laisser en toute impunité, de le laisser continuer, c’est mettre des gens en danger de ne pas punir les agresseurs, s’insurge Fanny Aulnier. Si en plus, ils savent qu’ils n’auront pas de problème s’ils peuvent violer, ils continueront encore plus.

L’association s’engage concrètement pour lutter contre ces violences sexuelles. Elle a pour objectif de développer au plus tôt une nouvelle cellule d’écoute au sein de Sciences Po Paris pour accompagner et protéger les victimes.

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