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Vélo-école : se (re)mettre en selle après 40 ans

Jacqueline et Erkya assistent à leur tout premier cours de vélo. Crédit : Emilie Méchenin

Si le vélo ne s’oublie pas, encore faut-il avoir appris à en faire. Tous les samedis, à Marseille, dans les allées du Parc Borély, des cyclistes débutants essayent de trouver l’équilibre. Depuis une dizaine d’année, le Collectif vélo en ville organise des cours gratuits pensés pour les adultes. La demande ne cesse d’augmenter.

« J’ai toujours rêvé d’en faire, je suis si contente », Boutaina, 45 ans, n’était jamais montée sur un vélo. Il lui a fallu une douzaine de cours, mais ça y est : elle a bouclé le tour du parc sur sa bicyclette. « Je vais pouvoir me promener avec mes enfants bientôt, ils sont très fiers de moi ». Elle est un l’un des 15 participants, en majorité des femmes de plus de quarante ans.

Première leçon pour Jacqueline. Pas vraiment rassurée, elle pousse son vélo dans les allées : « J’en ai fait gamine, depuis j’en ai plus fait. On m’a offert un vélo, mais il est resté à la cave ».  A 75 ans, la Marseillaise confie n’avoir pas dormi de la nuit dans l’attente du grand jour.

« J’ai le cœur qui fait tac tac tac »

Premier défi pour Jacqueline : monter sur le vélo et se laisser glisser dans une pente comme sur une draisienne. « On apprend l’équilibre, détaille François, professeur bénévole du Collectif vélo en ville. Il faut aussi maitriser sa peur et oser utiliser les freins du vélo. »

Pas si simple de ne pas tomber. Après plusieurs descentes, le souffle court, Jacqueline confie : « J’ai le cœur qui fait tac tac tac. C’est pas vraiment l’effort, c’est surtout la peur ». Pourtant, quand son professeur lui propose de faire une pause, la septuagénaire refuse et continue de multiplier les descentes.

Après l’équilibre, il faut apprendre à se déplacer avec souplesse sur son vélo pour faire face à tous les imprévus de la route. Crédit : Emilie Méchenin

Pour les plus aguerris, c’est le moment de commencer les tours de parc et les zigzags au milieu des plots. L’objectif, s’entrainer pour le défi ultime des cyclistes à Marseille : circuler en ville, au milieu des voitures et des scooters. « La première chose que je ferais, c’est me rendre au travail ou chez mes amis en vélo » planifie Laeticia, 27 ans, qui n’en est qu’à son deuxième cours.

Marseille, mauvais élève de la mobilité douce

Pour un cycliste, se déplacer à Marseille est une véritable gageure, la ville est particulièrement inadaptée. Une seule option pour s’en sortir : pédaler quotidiennement, selon Johannes. Originaire de Copenhague, ville de la mobilité douce, et à la tête de l’école de vélo, il a un mantra : « La différence entre se rendre au travail en voiture ou en vélo, c’est la différence entre arriver avec les yeux fatigués ou avec les joues roses ».

Le vieux serpent de mer marseillais des pistes cyclables a resurgi récemment : la mairie de Marseille, diligentée par une coalition de gauche et d’écologistes, veut transformer les 9 coronapistes en pistes cyclables permanentes. Une révolution dont l’issue n’est pas certaine, car la décision finale dépend de la métropole LR (Les Républicains) .

« La demande a doublé en six mois »

Pendant ce temps, la demande pour les cours ne cesse de croitre au Collectif Vélo en ville. Elle est la seule vélo-école dans tout Marseille et elle note l’intérêt croissant des habitants pour la mobilité douce. Depuis la fin du premier confinement, la demande « a même doublé en six mois » évalue Johannes. Aujourd’hui, il s’inquiète de ne plus pouvoir répondre à cette demande. Juste après le deuxième confinement, l’association avait atteint sa capacité maximale : 30 élèves.

Les participants de ce samedi ne sont pas prêts de céder leur place. Après une heure et demi d’essai, Jacqueline annonce en riant ses progrès : « J’ai mis trois coups de pédale ». Elle compte bien retenter l’exploit la semaine prochaine, même si pour le moment, c’est en poussant à pied son vélo qu’elle ressort du parc.

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