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Sur le terrain des injustices raciales, Donald Trump aura été secoué par les sportifs

Donald Trump et le monde du sport se seront opposés vivement pendant quatre ans. Crédits : Matt A.J. / Flickr

Donald Trump quitte la Maison Blanche aujourd’hui. Pendant ses quatre années au pouvoir, de nombreuses personnalités du sport n’ont pas hésité à franchir la ligne de la politique pour s’opposer au président. De Colin Kaepernick à LeBron James, du genou à terre aux manifestations Black Lives Matter, retour sur un mandat où les sportifs se seront déchirés avec Donald Trump, sur le terrain des injustices raciales.

« Sons of bitches [Des fils de pute] ». C’est en ces termes que Donald Trump a désigné les centaines de joueurs NFL (Ligue national de football américain) qui se sont agenouillés pendant l’hymne national en 2017. Un début de mandat sous haute tension entre le monde sportif et le 45ème président. Ce geste popularisé en 2016 par le quarterback des San Fransisco 49ers, Colin Kaepernick, visait à protester contre les injustices raciales. Selon le Président, les footballeurs américains qui ont pris part à cette démonstration ont « manqué de respect à la nation et au drapeau américain ». Trump a même invité les propriétaires des franchises NFL à virer ceux qui ne voudraient pas se lever pendant l’hymne.

Les passants s’agenouillent avec Colin Kaepernick sur Austin’s 4th Street.
Crédits : Lars Plougmann / Flicker

L’appel du pensionnaire de la Maison Blanche a été entendu, Colin Kaepernick s’est retrouvé sans équipe après cet épisode. Le quarterback n’a toujours pas retrouvé les terrains depuis. Le football américain et la NFL attirent plutôt un public conservateur, l’argumentaire de Donald Trump y a fait mouche. La fédération de soccer (USSF) a également obligé les joueurs à se tenir debout pendant l’hymne après que Megan Rapinoe, la Ballon d’or 2019, a reproduit le geste de Kaepernick. Ces victoires pour Trump sont toutefois à relativiser, les voix se sont élevées dans le sport contre l’attitude du président. A la suite de cet épisode, la star du basketball Stephen Curry a évoqué sa réticence à se rendre à la Maison Blanche comme le veut la tradition après un titre de champion NBA. Donald Trump a alors décidé de retirer son invitation. Ce mouvement de contestation anti-Trump chez les sportifs (Afro-Américains surtout) est resté réel mais s’est peu à peu calmé… jusqu’au 25 mai 2020.

La mort de George Floyd : le point de non-retour

Il est des moments historiques qui secouent un pays et qui remettent en question son système démocratique et judiciaire. L’assassinat de George Floyd par un policier est un de ces moments. Cet événement a marqué l’Amérique entière mais a aussi révélé ses divisions. Dans ce moment de chamboulement, le monde du sport américain s’est clairement rangé dans le camp de l’égalité raciale. Il a définitivement affirmé son opposition à Donald Trump qui a tout fait pour décrédibiliser les soulèvements « Black Lives Matter ». Les sportifs se sont largement exprimés sur les réseaux sociaux notamment. La tenniswoman Coco Gauff a demandé sur TikTok « suis-je la prochaine ? », Serena Williams a exprimé sur Instagram son émotion en affirmant que « le pire est que ce n’est pas nouveau, ça a juste été filmé ». Le patron de la NFL, Roger Goodell, a lui admis que la ligue de football avait fait une erreur sur le cas Kaepernick. L’USSF a également retiré la règle obligeant les joueurs à se tenir debout pendant l’hymne. Le revirement a été total contre Donald Trump.

« les racistes ne devraient pas être autorisés à être président » – Steve Kerr

En pause au moment du meurtre de George Floyd à cause de la crise sanitaire, la NBA et ses joueurs se sont lancés dans la lutte sans retenue. Des plus grandes stars aux joueurs moins connus, des dizaines sont descendus dans la rue. Les basketteurs DeMar DeRozan à San Antonio et CJ McCollum à Portland n’ont pas hésité à prendre le micro pendant les marches contre le racisme et les violences policières. Les prises de parole ont été nombreuses et décomplexées dans cette ligue de basketball qui compte une majorité d’Afro-américains. Au-delà des joueurs, les entraîneurs ont aussi exprimé leur opinion comme le mythique coach des San Antonio Spurs, Gregg Popovich. « Si Trump avait un cerveau il dirait quelque chose afin d’unifier les gens. Mais il se fout de rassembler, même en ce moment. Il est perturbé à ce point. Nous avons besoin d’un président qui dise : « Black Lives Matter ». Mais il ne le fera pas ». Steve Kerr, coach des Golden State Warriors et 8 fois champion a ajouté : « les racistes ne devraient pas être autorisés à être président ».

Le meurtre de George Floyd a tellement marqué la planète NBA que la ligue a réfléchi à un moyen de faire passer le message. Lors de la reprise en juillet, les parquets étaient revêtus du slogan « Black Lives Matter », le nom des joueurs sur les maillots remplacé par un message politique au choix de l’athlète et les genoux à terre pendant l’hymne. Le mouvement était dans tous les esprits et sur les masques, t-shirts ou casquettes des pensionnaires de la bulle. Le 24 août, Jacob Blake est blessé de 7 balles dans le dos par un policier dans le Wisconsin. Deux jours plus tard, à quelques minutes du coup d’envoi, les Milwaukee Bucks décident de boycotter leur rencontre. S’en suivra deux jours de grève générale pour toutes les équipes encore présentes à ce stade de la compétition. Pendant ce temps-là Donald Trump continue de critiquer la ligue affirmant que « leurs audiences n’ont pas été bonnes car les gens sont fatigués de la NBA ».

La NBA face à Trump : une évidence

Si la NFL est plutôt conservatrice, la NBA affiche des positions anti-Trump et historiquement progressistes. Ce n’est pas la première fois qu’elle doit réagir face à des discriminations raciales dont certaines sont apparues au sein même de la NBA. L’affaire Sterling, du nom du propriétaire de l’époque des Los Angeles Clippers, en est l’exemple le plus saisissant. Des conversations téléphoniques avaient été révélées où on l’entendait tenir des propos racistes. Quelques jours plus tard, Adam Silver, commissaire de la NBA, exclue Donald Sterling et envoie un message fort : le racisme n’a pas sa place dans le sport. Si les Warriors n’avaient pas été accueillis à la maison blanche après leur victoire en 2017 comme évoqué plus tôt, aucune autre équipe championne n’a accepté depuis les invitations de Trump. Ces positions politiques sont également portées par les joueurs, avec en première ligne LeBron James.

Un photomontage pour célébrer la victoire de Joe Biden sur le compte Twitter de LeBron James – Source : Twitter @KingJames

S’il fallait ne citer qu’un seul athlète n’hésitant pas à utiliser son influence pour délivrer un discours politique ce serait lui. Celui qui était monté sur le podium lors d’un meeting de la campagne d’Hilary Clinton en 2016 se montre très critique envers Donald Trump. Le meilleur basketteur de ces dernières années a soutenu Joe Biden aux dernières présidentielles. Trump a répondu en questionnant son intelligence. Alors que Joe Biden était annoncé vainqueur le 7 novembre dernier, LeBron James a célébré en postant sur les réseaux sociaux une image détournée de son action mythique « The Block » où l’on voit Trump être contré par le futur président. Il ajoute ensuite que « les électeurs noirs ont fait la différence une nouvelle fois » venant ainsi ponctuer le mandat de Trump ainsi que le climat délétère entre le monde du sport et la Maison Blanche.

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