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Suspension du vaccin AstraZeneca : des pharmaciens de Marseille dénoncent une perte de temps

En France, le vaccin AstraZeneca a été suspendu lundi 15 mars pour des suspicions d'effets indésirables graves. Crédits : Juline Garnier

Alors qu’ils venaient d’avoir l’autorisation de vacciner les personnes à risque contre la Covid-19, les pharmaciens de Marseille doivent désormais rassurer la population sur liste d’attente. Récit d’un coup d’arrêt.

A peine arrivé dans les frigos des pharmacies des Bouches-du-Rhône lundi matin, un petit flacon d’AstraZeneca qui repart à la poubelle. Lundi après-midi, le gouvernement a décidé de suspendre l’utilisation de ce vaccin anglo-suédois en attendant l’avis de l’Agence européenne du médicament. La cause : une suspicion d’effets indésirables graves. Jeudi, celle-ci s’est finalement prononcée en faveur du vaccin, décrétant qu’il n’est pas « lié à une augmentation des cas de caillots sanguins ».

Mais à Marseille, la vaccination dans les officines a commencé depuis vendredi dernier et les flacons sont entamés. Dans la pharmacie du Vieux-Port, quinze personnes ont reçu une première injection et trente personnes sont sur liste d’attente. « Là, il doit rester quatre à cinq doses, explique Renaud Luchard, pharmacien, en montrant son flacon. Une fois ouvert, on peut seulement le conserver 48h au frais. On va donc devoir le jeter car nous ne pourrons pas vacciner d’ici là. »

Peu de cas d’effets indésirables graves comparés au nombre de personnes vaccinées

Trois jours d’attente pour les patients, comme le professionnel. Pour ce dernier, il fallait continuer à vacciner la population : « je pense que l’on perd du temps. Je ne dis pas qu’il faut minimiser les risques, il faut bien entendu évaluer l’innocuité du vaccin mais il n’y a que très peu de cas comparé au nombre de personnes vaccinées ».

A quelques kilomètres du centre-ville, d’autres pharmaciens se sont organisés face aux annulations et aux personnes inquiètes. « On a appelé les patients vaccinés pour savoir comment ils allaient, les rassurer et pour avoir une conduite à tenir au cas où ils avaient un problème », détaille Stéphane Pichon, responsable de l’Ordre des pharmaciens de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur.

Plus conciliant que son homologue du Vieux-Port, le pharmacien n’était pas du même avis. Pour lui, il fallait attendre le résultat de l’enquête car « toutes les précautions sont bonnes à prendre ». Cependant, le travail auprès de cette population à risque est double : en plus de rassurer ceux qui ont bénéficié d’une première injection, il faut aussi regagner la confiance des patients inquiets inscrits sur liste d’attente.

Stéphane Pichon, pharmacien, s’est organisé pour rassurer les personnes vaccinées avec le vaccin AstraZenecca. Crédits : Juline Garnier

Avant le coup d’arrêt, Stéphane Pichon créait des listes d’attente et appelait les patients dix par dix selon l’arrivage des doses. « Aujourd’hui on attend désespérément de pouvoir vacciner avec les vaccins Pfizer, Moderna ou Johnson & Johnson parce que l’on s’est rendu compte qu’on avait galvaudé la difficulté de la vaccination. L’idéal serait de pouvoir vacciner tout le monde avec un choix selon les individus », regrette-t-il.

Il estime que près de 200 000 personnes par jour pourraient être vaccinées avec l’AstraZeneca. Si on suit ce calcul, 600 000 patients auraient pu être vaccinés durant ces trois jours. Hormis ce coup d’arrêt, les pharmaciens et les professionnels de santé sont confrontés à un immense chantier : restaurer la confiance des Français concernant le vaccin.

Juline Garnier.

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