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Théo Hernandez, l’indispensable

Cette saison est celle de la confirmation pour le jeune Français, à la hauteur des espoirs placés en lui. Devenu élément indispensable du Milan AC, il a imposé son statut supérieur de latéral offensif et n’attends qu’une chose, être appelé en Equipe de France pour l’euro.

San Siro, le 21 septembre 2020. Milan affronte Bologne. Beaucoup se souviennent du premier doublé de Zlatan Ibrahimovic de la saison. En revanche, dans son ombre, on a tendance à oublier le travail de Théo Hernandez. Après 35 minutes de jeu, c’est le natif marseillais qui offrait un centre précis à son équipier attaquant, qui n’avait plus qu’à positionner sa tête pour mettre le ballon au fond des filets. C’était la première journée de la saison en Série A et Theo Hernandez annonçait la couleur : pour lui, cette saison est la bonne.

Le français n’est pas un latéral comme les autres. Très offensif, quand il a la possibilité de jouer plus haut il déconcerte souvent ses adversaires. Et Stefano Pioli, l’entraîneur des Rossoneri l’a bien compris. Theo Hernandez enchaîne les titularisations : il n’a manqué que 3 matchs sur les 23 de son équipe, faisant de lui un joueur constant et endurant. Sa précision et sa détente l’ont rendu essentiel depuis son arrivée à Milan en juin 2019. Un vrai pari des Lombards à l’époque puisque le jeune Français avait été décevant au Real Madrid. Après un an de prêt à la Réal Sociédad, c’est Paolo Maldini qui l’avait convaincu de rejoindre le club italien. « J’avais besoin de jouer. Et ma rencontre avec Paolo Maldini a tout fait basculer. Il est venu me rencontrer à Ibiza, où j’étais en vacances. On a tout de suite accroché. Maldini, c’est un mythe, probablement le plus grand joueur à mon poste. Nos discussions m’ont montré qu’il me connaissait bien. Quand Paolo Maldini vous recrute, ça vous file quand même de la confiance », expliquait Hernandez à L’Équipe, en décembre dernier.

« La dernière fois que le club a eu un latéral aussi fort, c’était Serginho »

Pour la somme de 20 millions d’euros, le français avait alors fait confiance à la légende. Il a bien fait. Ses performances à Milan sont excellentes, il défend, tacle, centre et marque. Bref, Theo Hernandez s’est trouvé et affirme son jeu. Ce n’est sûrement pas un hasard si le Milan a été invaincu pendant 27 matchs consécutifs cette saison. Avec un alignement à 4, la défense est solide. Et quand il ne se cantonne pas à son poste de défenseur, Hernandez déborde pour éviter la défaite à son équipe. Comme face à Parme, le 13 décembre dernier. Mené 2-0, « Theo » avait sauvé son équipe avec un doublé, un but de la tête et un autre en reprenant de vingt mètres un ballon détourné par le gardien. Le lendemain, La Gazzetta dello Sport lui accordait sa Une avec le titre « Merci Théo », puis « Théo est de retour dans la version Superman. Le Français a sauvé Milan, aucun défenseur n’avait marqué de doublé depuis l’époque de Nesta (…) Ibra n’est pas là, mais Théo Hernandez a été probablement le meilleur joueur de Milan ».

Interrogé par Eurosport en 2019, l’ancien latéral gauche de l’AC Milan Luca Antonini avait déjà salué le talent du jeune Français. « La dernière fois que le club a eu un latéral aussi fort, c’était moi (rires). Mais plus sérieusement, je pense qu’il faut remonter au temps de Serginho. » Soit plus de 15 ans en arrière. Il est vrai que depuis, le club lombard a longtemps cherché la pièce manquante à son puzzle, le latéral dont l’énergie et la vitesse peuvent faire la différence. Il semble qu’il l’ait enfin trouvé. Reste à le garder dans les filets. Sous contrat jusqu’en 2024, Théo Hernandez ne devrait pas être en manque de prétendant. Lui, dont la valeur est passée de 20 à 45 millions d’euros depuis son arrivée à Milan selon Transfermarkt.

Théo Hernandez en bleu ?

Ses performances vont sûrement aider Milan à garder la tête de la Série A, mais elles ont l’air de passer inaperçues en France. À 23 ans, le petit frère de Lucas Hernandez n’a jamais été convoqué par Didier Deschamps. Né à Marseille en 1997, Theo est parti très vite de l’Hexagone pour l’Espagne où il a grandi. Si la Roja lui a fait du pied pendant longtemps, pour lui le choix était évident : bleu blanc rouge. Mais en juin 2017, alors que les bleus Espoirs le convoquaient, Hernandez refusait d’honorer sa première convocation. « Une erreur de jeunesse (…) J’ai grandi, mûri, et si la France me rappelle, je serai enchanté d’y aller. » Depuis, il attend l’appel de Didier Deschamps, qu’il prend un malin plaisir à mimer lorsqu’il célèbre un but. « Parfois, les entraîneurs ont leurs idées et leurs joueurs, mais je pensais qu’après l’année qui vient de se passer… Je vais continuer à lutter, pour qu’il m’appelle enfin, confiait Théo en octobre dans La Gazzetta dello Sport. Mon objectif est l’Euro et j’ai une saison pour y arriver ! »

« DD » le garde à l’oeil, mais dans sa logique de groupe, il ne semble pas avoir oublié l’histoire des Espoirs. La concurrence fournie à son poste pose également problème. Le couloir gauche est occupé par nul autre que son frère Lucas, de 20 mois son aîné. Les deux frères ont jadis joué ensemble à l’Atletico, mais surtout en Youth League ainsi qu’en présaison. Jamais en match officiel professionnel. Deux frères au même poste, mais aux profils si différents. Lucas, défenseur formé dans l’axe pourrait être délogé par son frère qui lui, a toujours eu besoin de son couloir pour attaquer. Le problème, c’est que même si Lucas est repositionné au centre, Ferland Mendy, Lucas Digne et possiblement Benjamin Mendy restent les seconds choix préférés par Didier Deschamps. Un avenir chez les bleus est-il alors possible pour Theo Hernandez? Certainement, surtout s’il continue sur cette lancée. Testé positif au coronavirus dimanche dernier, il sera de retour demain contre l’Atalanta. Le 26 janvier pour le derby milanais, quart de final de la Coupe d’Italie, Théo Hernandez sera d’autant plus attendu. C’était d’ailleurs face à l’Inter que Serginho avait marqué les esprits en 2001, en offrant 3 passes décisives en plus d’un but, permettant à son équipe de s’imposer 6-0. Les regards seront désormais posés sur la performance de sa soi-disant relève…

   Diana Melhem

Auteur·trice
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Diana Melhem

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