LE 13 INFORMÉ

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Tinder, le nouveau compagnon

Crédits Photo Cottonbro / Pexels

Le 29 mars 2020, en plein confinement, trois milliards de personnes ont utilisé Tinder ; un record. Anna Clément (le nom a été changé), étudiante en communication, le confie, en cette période, l’application est devenue son nouveau compagnon.

Un an plus tard, rien n’a changé. Malgré le couvre-feu, Anna, 23 ans, se prépare pour un nouveau date (rendez-vous). Cheveux lissés, yeux maquillés, elle donne un dernier coup d’œil dans son miroir et claque la porte d’entrée. 20h. L’heure du couvre-feu est passée mais qu’importe, le besoin de rencontre prend le dessus. Une routine qui dure depuis des mois pour cette jolie brune aux ongles peints en noir : « même pendant le confinement, j’utilisais l’application ».

Anna se prépare pour son rendez-vous. Crédit-Lisa Davet

« Je suis tombée sur un fou »

Lors de l’annonce du premier confinement, son premier réflexe fut de télécharger Tinder sur son téléphone. Et elle n’était pas la seule, le premier mois, le nombre de conversations sur l’application a augmenté de 23%. « Je m’ennuyais et je voulais voir de nouvelles têtes. J’avais un besoin de câlins très fort. » Elle ne se souvient pas avoir eu peur du virus mais plutôt des premières rencontres : « Avant on pouvait aller boire un verre, là, c’était ou chez lui ou chez moi ». Avec sa colocataire, elles rigolent encore du premier garçon qu’elle a ramené. « Quand je suis allée le chercher en bas, j’étais déçue il n’avait fait aucun effort de préparation, les cheveux gras avec un simple jogging et durant la soirée j’ai compris que ça ne marcherait pas. » Le garçon en question, Anthony, lui raconte des histoires sordides, Anna n’hésite pas à le mettre à la porte : « pourtant sur Tinder on avait des points communslà je me suis dit : putain je lui ai seulement parlé trois jours via internet ». Anthony continuera à la harceler sur ses réseaux sociaux pendant des mois.

Ce sentiment de déception, Antoine Géraud le connaît bien, fondateur d’un site de rencontre, il a décidé de changer son application Abricot en une agence matrimoniale 2.0  durant le premier confinement : « Depuis le début de la crise, c’est une ruée sur les sites de rencontre mais par conséquent on voit aussi leurs limites, c’est une jungle, finalement c’est simplement de la solitude connectée. » Pour ses clients, le confinement a été un déclic, le besoin de se recentrer sur l’essentiel : l’amour. « La vision de l’amour n’a pas changé mais l’envie de trouver quelqu’un s’est amplifiée » résume-t-il. Mais trouver le vrai amour a un prix, pour un suivi sur un an, il faut compter environ 1600 euros. Beaucoup trop cher pour Anna.

L’amitié avant l’amour

Suite à son premier échec, pendant quelques jours, Hana n’a plus invité personne mais elle continuait à échanger sur l’application. Un jour, au tabac elle croise un de ses match (sur l’application c’est lorsque deux personnes acceptent de discuter) : « C’était un peu comme dans la vie réelle alors je lui ai dit de venir », l’histoire dure quelque temps, « plus pour un besoin sexuel que par envie de le connaître ». Anna le sait, elle ne trouvera pas l’amour sur Tinder. « Je pense même plus à l’amour, j’ai plus le temps pour ça, je me suis retrouvée seule, mes amis aussi et je dois leur donner du temps. Je suis ok pour Tinder mais pas pour l’amour » dit-elle avec conviction. Sur l’application, elle sait à quoi s’attendre ; pas de grandes promesses, juste un passe-temps. Pourtant, elle assume être accro : « Je m’ennuie quand je le fais mais d’un autre côté j’arrive pas à m’arrêter, c’est un cercle vicieux ». Anna espère quand même retrouver confiance en l’amour dans le monde d’après Covid, rencontrer quelqu’un naturellement, découvrir pas à pas son univers, puis s’attacher et enfin tomber amoureuse.

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