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Vaccins anti-Covid : quèsaco ?

Une dose de vaccin. Crédits : Jan Felix Christiansen / Pixabay

Entamée depuis le 27 décembre, la campagne de vaccination française a permis de vacciner 1,09 millions de personnes au 26 janvier.
Pour le moment seuls deux vaccins ont été autorisés, celui de Pfizer/Bio’n’Tech et celui de Moderna. Vendredi, l’Agence européenne du médicament devrait rendre un avis sur la mise sur le marché européen du vaccin développé par AstraZeneca/Oxford.
Mais alors comment fonctionnent ces trois vaccins, sont-ils efficaces et que signifient les nombreux termes techniques qui fleurissent depuis plus d’un mois ? Faisons le point.

« La France compte 60 millions de procureurs », a déclaré la semaine dernière Emmanuel Macron. Mais depuis bientôt un an, ce que compte le plus la France, c’est de médecins. À la faveur de la crise sanitaire, de nombreux français en recherche constante d’explications à leur quotidien bouleversé se sont improvisés infectiologues.
Mais comment les blâmer ? Le chaos social et psychologique engendré par les confinements, les couvre-feux, les règles de distanciations mais aussi les chiffres de contaminations et de morts quotidiens ont obligé certains à trouver des réponses à des questions qui n’en avaient souvent pas.
Et le vaccin n’échappe à cette règle. ARN messager, Pfizer, deux doses, protéine Spike, conservation réfrigérée… En un mois à peine, des dizaines de nouveaux termes techniques sont venus inondés l’espace médiatique entrainant confusion, approximation et méfiance.
Au 26 janvier, la France, deuxième population de l’UE, comptait seulement 1,09 millions de personnes vaccinées, contre presque 2 millions en Allemagne (1ère population de l’UE), 1,49 millions en Italie (3ème population) et 1,29 millions en Espagne (4ème population). Le Royaume-Uni, qui ne dépend plus de la politique vaccinale européenne, a déjà vacciné 6,6 millions de personnes.

La campagne de vaccination débutée en France le 27 décembre a d’abord été accueillie très froidement par la population qui affichait clairement un désamour profond pour le vaccin. Mais nous ne sommes pas à une contradiction près : quelques semaines plus tard les intentions de se faire vacciner augmentaient chez les Français, au même moment que les stocks, eux, diminuaient. La faute à des retards de livraison de la part des laboratoires.

Qu’est-ce qu’un vaccin ?

Mais alors, en attendant que l’UE réussisse à renflouer ses frigos de nouvelles doses, posons-nous la question, qu’est-ce qu’un vaccin ?
Le mot vaccin vient lui-même du mot vaccine, appelée aussi variole de la vache. Cette maladie bovine fut utilisée par Edward Jenner, médecin britannique, pour immuniser les êtres humains de la variole.
Développés depuis plus de 200 ans, les vaccins ont permis d’éradiquer plusieurs maladies comme la variole ou ont fait drastiquement baisser le nombre de malades comme pour la rougeole ou la polio. Le principe est simple : une substance imitant une maladie est introduite dans le corps humain avec pour objectif de déclencher une réponse défensive. Le sytème immunitaire va alors garder en mémoire cette réponse défensive et la déclenchera à nouveau si la personne vaccinée est en contact avec la vraie maladie.
Bien entendu, depuis deux siècles, la médecine a progressé et les techniques vaccinales se sont diversifiées. La plus utilisée est celle du vaccin inactivé, efficace contre l’hépatite B ou le tétanos par exemple. Il est constitué d’un fragment de l’agent infectieux mais inactivé, de la totalité de l’agent infectieux mais inactivé ou d’une partie du virus (son ADN ou son Acide RiboNucléique, mieux connu sous le nom d’ARN).
La technique du vaccin vivant atténué est l’autre grande méthode. Cette fois, le vaccin est constitué de parties vivantes du virus desquelles a été retiré le pouvoir infectieux. Ce type de vaccin est utilisé notamment pour combattre la rougeole ou la varicelle.

Et les vaccins anti-Covid ?

Pour le moment, l’Union européenne et donc la France, ne sont concernées que par des vaccins inactivés, à savoir celui développé par Pfizer et Bio’n’Tech et celui développé par Moderna.
Ces deux laboratoires ont réussi l’exploit de créer un vaccin en un temps record. Exploit rendu possible par les gigantesques investissements financiers, humains, technologiques et scientifiques de la communauté internationale.
Ces deux vaccins utilisent la technique de l’ARN, une méthode connue depuis les années 1990 mais encore peu utilisée. Concrètement, L’ARN introduit dans l’organisme lors de la vaccination est une réplique fabriquée en laboratoire d’une protéine propre au coronavirus, la fameuse protéine S appelée aussi Spike ou spicule. On dit de cet ARN qu’il est messager car il dit au système immunitaire de produire des anticorps lorsque celui-ci détecte la protéine S. Les anticorps ainsi produits protègent ensuite la personne vaccinée en cas d’infection, mais ne l’empêchent pas d’être infecté, ni de transmettre le coronavirus.
Vendus environ 15€ l’unité, ces vaccins ont le gros désavantage d’être obligatoirement conservé à des températures comprises entre -25 et -70 degrés. De plus, la prise de deux doses, espacées de trois à quatre semaines, sont nécessaires pour que les vaccins soient efficaces.
À savoir également que si le vaccin Moderna est autant efficace que le vaccin Pfizer/Bio’n’Tech sur les personnes de moins de 65 ans, il l’est en revanche 10% moins que son concurrent sur les personnes de plus de 65 ans.

Infographie AFP

 

D’autres options ?

Vendredi, l’Agence européenne du médicament devrait valider ou invalider la mise sur le marché européen du vaccin AstraZeneca/Oxford.
Celui-ci repose sur la technique du vecteur viral adénovial. Autrement dit, l’adénovirus responsable du rhume chez le chimpanzé, est modifié en laboratoire pour contenir la protéine Spike. Ensuite, l’adénovirus modifié, totalement inoffensif pour l’Homme, est injecté dans le corps humain. Comme pour les autres vaccins, le système immunitaire va alors produire des anticorps qui protégeront à l’avenir la personne vaccinée en cas d’infection. La prise de deux doses dans un intervalle de 3 à 4 semaines est également nécessaire pour ce vaccin.
Avec un prix en dessous des 3€ la dose et une conservation entre 2 et 8 degrés, la solution proposée par AstraZeneca/Oxford comporte bien des avantages.
Cependant, son efficacité sur les personnes de plus de 65 ans n’est pas encore totalement établie. La décision de l’Agence européenne du médicament vendredi devrait y apporter un éclaircissement bienvenu.

Des effets secondaires classiques.

En France, comme ailleurs, les effets secondaires constatés pour ces trois vaccins sont normaux. C’est à dire de la fièvre, de la fatigue ou encore des maux de tête. Bruno Pitard, chercheur du CNRS au Centre de cancérologie et d’immunologie Nantes-Angers explique : « Un vaccin n’est jamais indolore, ce n’est pas un Doliprane. C’est totalement normal qu’il y ait des effets secondaires […] On injecte le vaccin dans le muscle pour le système immunitaire donc ce sont des effets secondaires communs, il n’y a rien d’étonnant ».
Dans rapport du 22 janvier de l’Agence nationale de sécurité du médicament, en charge du suivi de la campagne de vaccination, seules 135 personnes sur les 388 750 premiers vaccinés français, font état d’effets secondaires. Parmi elles, 22 patients notent un effet secondaire grave comme une tachycardie ou une anaphylaxie, ce qui obligent les personnes à fragilité cardiaque à rester vigilant avant vaccination.

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