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Le journal école du master journalisme de l'EJCAM

En Provence, un Oktoberfest amer pour les brasseries artisanales

Une bière servie à table (Crédits/DR)

  • Les brasseries artisanales sont des structures instables très largement fragilisées par la covid-19
  • La région Paca concentre 99 brasseries indépendantes sur les 1600 enregistrées en France en 2019
  • 1 brasserie sur 3 est en très grande difficulté selon le SNBi

En cette période d’Oktoberfest, les brasseries artisanales de la région Provence Alpes Côtes d’Azur sont en grande difficulté. Les ventes sont en chute libre et l’activité brassicole locale se dégrade. Après un été catastrophique, l’hiver sème l’inquiétude.

A la brasserie artisanale Aquae Maltae située à Aix-en-Provence, l’Oktoberfest a une saveur amère cette année. La traditionnelle fête de la bière tout droit importée d’Allemagne, n’est plus d’actualité dans un contexte de crise sanitaire. « On aurait pu surfer sur l’événement pour faire quelque chose d’un peu festif, mais on préfère éviter de lancer des dépenses sur lesquelles on n’aura pas forcément de retour sur investissement » explique Clément Gaudrée, brasseur à Aqua Maltae. Et pour cause, « organiser un rassemblement festif qui s’arrête à 21 heures avec une limitation de 30 personnes, il n’y a pas vraiment d’intérêt. » La levée de chopes a laissé place à l’incertitude.

« Ne partez pas en vacances au ski »

La brasserie ne pourra pas remplir ses objectifs 2020, « nous voulions atteindre 100 000 litres de brassage d’ici la fin de l’année, mais ce sera environ 20% de moins ». Les conséquences de la covid-19 sont importantes après un été rythmé par l’annulation des festivités.  » Les pertes sont énormes puisque nous misons beaucoup sur les festivals pour la vente de fûts. » A cela s’ajoute la crainte d’une défaillance en chaîne suite aux restrictions locales, « des bars ferment, d’autres commandent moins, donc ça nous impacte directement ». Dans ce contexte, l’incitation à la consommation locale est une priorité pour la brasserie aixoise. « Ne partez pas en vacances au ski, profitez du local et de la bière d’ici ! » lance Clément Gaudrée.

Des structures économiques fragiles

Une priorité, voire une nécessité pour l’association Bières de Provence. « Ces brasseries sont des structures plutôt instables. Il s’agit d’artisanat, ce n’est pas très lucratif, elles sont en principe assez jeunes avec de petites trésoreries » explique Laura Guitot, coordinatrice du collectif brassicole. Les ventes sont en chute libre, l’activité est menacée : « Les grandes brasseries industrielles comme Heineken peuvent survivre encore un long moment dans ce contexte, mais les artisanales non. » Parmi les 23 brasseries de la région que compte l’association, un peu moins de dix entreprises seraient actuellement en très grande difficulté. Le printemps et l’été ont laissé un grand vide dans les comptes. « Ces 4 mois représentent plus de 50% de chiffre d’affaires pour la majorité de nos brasseries » estime Laura Guitot. La période actuelle devait permettre le rattrapage d’une saison manquée, mais les dix jours de fermeture des cafés, bars, restaurants puis la mise en place du couvre-feu l’ont empêché.

L’union fait la bière

Pour rappel la région Paca concentre 99 brasseries indépendantes sur les 1600 enregistrées en France en 2019 selon le Syndicat National des Brasseries indépendantes (SNBi). En mai, le SNBi a estimé que la crise avait « engendré une perte de chiffre d’affaires allant de 80% à 100% » au point qu’ « une entreprise sur trois est en très grande difficulté. »
Le 23 octobre, la campagne de soutien aux brasseries artisanales lancée par le syndicat a permis le lancement d’une bière collaborative. La Bière Nation’ale, est le fruit d’une collaboration d’une centaine de brasseries françaises, dont Aquae Maltae. Cette initiative doit permettre « d’aider les brasseurs artisans et indépendants à retrouver leur activité d’avant crise, de sensibiliser les consommateurs de bière à consommer des bières artisanales régionales de qualité ».

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