Modifier la tournée du facteur en fonction de ce qu’il doit livrer. Dès mars 2023, 68 villes et communes de France ne verront plus leurs facteurs tous les jours. Seuls les courriers urgents, comme la presse ou les recommandés, seront distribués quotidiennement. La Poste souhaite s’adapter au changement de nos modes de communication. On s’échangeait 18 milliards de courriers il y a 15 ans, contre 7 milliards l’an dernier.
Pour le service livraison de La Poste, les colis représentent plus de la moitié des recettes. Il n’est donc pas question d’arrêter leurs livraisons quotidiennes. Farid, facteur à La Poste dans la branche livraison de colis dans le 8ème arrondissement marseillais, nous a invités sur sa tournée. Il commence à trier les colis dès 7 heures du matin. Entre 9h30 et 13h30, il doit livrer 102 colis. Montre à la main, il ne reste jamais plus de deux minutes à discuter avec un client. “Là, il est 10h40 et on a livré 30 colis. Il en reste 70. Si on se base sur un rythme de 25 par heure, on peut se dire qu’il reste 3 heures. Donc à peu près 13h30, anticipe-t-il. On est dans les temps, en espérant qu’on ne soit pas freinés par les aléas de la circulation ou un client mécontent”.
Farid est équipé d’un smartphone qui lui permet de scanner les QR Code affichés sur les colis. Un outil précieux mais stressant. “Tout est bien calculé ! Tout est fait en sorte pour qu’on ait une tournée claire et qu’elle soit concentrée au maximum pour pouvoir en faire le maximum”, explique-t-il. Le sociologue Nicolas Jounin explique que de nombreux facteurs n’arrivent pas à tenir les durées imposées par La Poste. Ces durées sont prescrites par un algorithme. Selon ce logiciel, Farid devrait mettre 1 minute et 20 secondes pour distribuer un colis. Impossible, selon lui.
